Définition :

Les tourteaux sont les résidus solides obtenus après extraction de l’huile des graines ou des fruits oléagineux. Ce sont les co-produits (sous-produits) de la trituration, c'est-à-dire l'industrie de fabrication de l'huile.
L'huile est utilisée à 85-86% pour la consommation humaine. Elle est également utilisée dans l'industrie (savons, détergents, peintures, résines glycérophtaliques, lubrifiants, cosmétiques, encre…).

Les tourteaux sont utilisés en alimentation animale. Ils constituent la 2ème classe d’aliments la plus importante après les céréales. En effet ils représentent la principale source de protéines en alimentation animale.
 

Différents types de tourteaux

Il existe autant de sortes de tourteaux qu’il y a de plantes oléagineuses exploitées.

a) Les tourteaux issus des Dicotylédones

Légumineuses (Fabacées) :

• tourteaux de Soja (Les principaux producteurs sont USA, Brésil, Argentine)
• tourteaux d’Arachide (Afrique).

Crucifères :

• tourteaux de Colza (Brassica napus) (France, CEE, Canada)
• tourteaux de Navette (Brassica campestris = Brassica rape) (USA, Canada).

La navette est macroscopiquement très comparable au colza. La seule différence est au niveau chromosomique. La navette est cultivé au Canada. Dans ce pays, les variétés de colza et de navette pauvre en acide érucique sont appelés Canola. Cette appellation n'est pas autorisée en France.

tourteaux de moutarde, ces tourteaux toxiques sont aussi appelés "drêches" de moutarde.

Composées :

• tourteaux de Tournesol (France, CEE)
• tourteaux de carthame, très rare en France, il est essentiellement exploité dans le Maghreb.

Linacées :

• tourteaux de Lin (France et CEE)

Malvacées :

• tourteaux de Coton (Les principaux producteurs sont USA, Inde, Chine). Ce tourteau est très utilisé aux États-Unis. En Europe, la Grèce développe cette culture et devient un exportateur important de tourteau de coton.

Papavéracées :

• tourteaux d'oeillette ou pavot, tourteaux très rares aujourd'hui en Europe (la graine oléagineuse est la seule partie du pavot qui soit peu/pas toxique). L'huile de pavot est comestible et peut-être utilisée dans l'industrie.

Juglandacées :

• tourteaux de noix

Oléacées :

• Pour les olives, le terme "grignons" d’olives est utilisés pour décrire les résidus solides de l'extraction de l'huile.

Sapotacées :

• tourteaux de Karité (pays tropicaux), huile utilisé seulement en cosmétique.

Pédialacées :

• tourteaux de Sésame

Euphorbiacées :

• tourteaux de Ricin (attention tourteaux très toxique)

b) Les tourteaux issus des Monocotylédones

• tourteaux de Coprah. Le coprah (noix de coco) est le noyau (creux) du fruit du cocotier (Cocos nucifera).

• tourteaux de Palme et Palmiste. Le palmiste est le fruit du palmier à huile. Il est constitué :

- d’un péricarpe, dont on extrait l'huile de palme et le tourteau de palme
- d’un noyau qui fournit la graisse de palmiste et le tourteau de palmiste.

Le tourteaux de palmiste est essentiellement exporté d’Indonésie.

• tourteaux de germe de céréales en particulier tourteau de germe de maïs (huile de maïs) qui peuvent être commercialisés seuls ou mélangés à d’autres sous-produits des céréales (cf. cours sur les co-produits du maïs).

Tourteaux utilisés en alimentation animale

Les principaux tourteaux utilisés en alimentation animale sont : le soja (de l'ordre de 60% de tous les tourteaux consommés en Europe et en France) le colza le tournesol

Répartition et évolution de la consommation des tourteaux en France

Tous les tourteaux ne sont pas utilisables en alimentation animale.
Soit parce qu'ils n'ont aucune valeur alimentaire, par exemple le tourteau de karité est trop riche en lignine.
Soit parce qu'ils sont toxiques :

en particulier le tourteau de ricin qui contient de la ricine
le tourteau (parfois appelé drêches) de moutarde est également toxique.

d'après E.Lemoine et B.Perin, CARGILL France AFTAA 2005,  21ème Journées Claude Thieulin le marché des Matières premières, Paris.

Dans l’Union européenne le tournesol et le colza représentent 26% de la consommation globale sur un total d'environ 40 millions de tonnes de protéines végétales. Cela signifie que l’Europe, très déficitaire en ce domaine, doit encore importer 74% de sa consommation, le plus souvent sous forme de tourteaux de soja. L'approvisionnement protéique de la France (et de l'Union Européenne) est largement tributaire de quelques pays. Cette situation de dépendance est une préoccupation majeure pour l'agriculture européenne.

En effet, cette dépendance peut poser des problèmes. En 1974, il y eu une grave crise. Aux États-Unis, les conditions météorologiques provoquent une mauvaise récolte de soja, inférieure aux besoins intérieurs. Les exportations de soja cessent. Les États-Unis étaient alors le seul fournisseur de la France. Les éleveurs français ont connus de graves difficultés pour nourrir leurs animaux.    Un certain nombre de mesures (plan protéine) ont alors été prises pour limiter cette dépendance protéique : - amélioration de la production de différentes sources de protéines pour l'alimentation animale : féverole, trèfle, luzerne - amélioration de la culture de colza et développement, à partir de années 70 des cultures de tournesol et de soja. - amélioration du taux protéique des tourteaux de tournesol. - diversification des pays fournisseurs. Cette meilleure répartition des zones d’importation (États-Unis, Brésil, Argentine) sécurise l'approvisionnement puisqu’ils se trouvent dans les deux hémisphères (les risques climatiques sont moins importants). Le Brésil est devenu un important fournisseur de soja pour France. Ces mesures n'ont pas empêché que le tourteau de soja reste très largement le tourteaux le plus consommé en France et dans l'Union Européenne. Cette dépendance protéique a aussi d'autres conséquences. En effet, comme les principaux pays producteurs de soja ont choisi d'utiliser massivement des variétés de soja OGM, la majorité des aliments pour animaux contiennent donc des OGM.

Sommaire général

Sommaire du cours de Bromatologie

Sommaire du cours : les tourteaux

Suite du  cours : les tourteaux