L'utilisation pratique des grains

Sommaire
général
Sommaire
du cours de Bromatologie
Sommaire
du cours : les céréales
Partie précédente

Les grains sont très utilisé en alimentation animale. Ils constituent la matière première la plus utilisée pour la fabrication des aliments composés pour animaux (c.f. schéma). En 2010, le blé represente 24% des matières premières utilisées pour la fabrication des aliments composés en France, le maïs grain 14% et l'orge 9% (source SNIA 2010).
 
Chez les monogastriques Chez les ruminants
graphique représentant le pourcentage des différentes matières premières utilisées dans les aliments composés pour animaux en 2004 

Chez les monogastriques

Les grains constituent la base des aliments pour poulet, poule pondeuse, dindon, canard...
Ils couvrent :
 - 70 à 90% du besoin énergétique des volailles
 - 35 à 50% (quantitativement) de l'apport azoté. Cet apport azoté est cependant de médiocre qualité et une supplémentation très précise s'impose à l'aide de tourteaux et d'acides aminés de synthèse.

Les grains les plus utilisés sont le maïs et le blé. Ces 2 céréales présentent l'avantage d'être régulières, leur valeur énergétique (par rapport à la matière sèche) varie peu d'une année à l'autre.

Le maïs est la céréale de choix pour l'alimentation des volailles car il possède la valeur énergétique la plus élevée des céréales (du fait de ses teneurs élevées en amidon et en matières grasses) et il est riche en pigments xanthophylles. Le maïs est une bonne source d'acide linoléique. Par contre sa teneur en protéines est faible mais elles possèdent une bonne digestibilité chez les volailles. Le phosphore du maïs est pratiquement indisponible en raison de l'absence de phytases endogènes. Les pigments xanthophylles du maïs sont particulièrement disponibles et efficaces pour la coloration du jaune de l'oeuf et de la peau des oiseaux génétiquement aptes à fixer ces pigments.

Le maïs est traditionnellement employé pour le gavage des oies et des canards. Sa richesse en lipides et son déficit en choline facilite l'obtention de la surcharge lipidique du foie.
photo d'épinette collective
Epinette collective utilisée pour le gavage des canards
(autres logements)

 
Le blé tendre, également très employé en alimentation aviaire, est dépourvu de xanthophylles. Son utilisation dans la ration des poules pondeuses ou pour les volailles à peau jaune nécessite donc une supplémentation par des xanthophylles naturels ou de synthèse. Par contre le blé est plus riche en protéine. Son phosphore présente une digestibilité de 50% bien qu'il soit présent à 70% sous forme phytique, la présence de phytases dans le grain permet une hydrolyse partielle de ce dernier.

L'orge est peu utilisée habituellement en France pour l'alimentation des volailles. Son taux de cellulose plus élevé entraîne une valeur énergétique plus faible par rapport au blé ou au maïs et comme le blé, elle est dépourvue de xanthophylles. De plus il existe dans l'orge des béta-glucanes (polysaccharides non amylacés hydrosolubles) qui ne sont pas hydrolysés par les oiseaux. Ces composés forment un gel visqueux qui entraîne l'excrétion de fientes riches en eau qui humidifient abondamment les litières.

Le sorgho a une composition chimique et une valeur alimentaire proches du maïs. Le principal problème réside dans sa teneur en tannins très variable en fonction des variétés. Ces tannins, lorsqu'ils étaient présents, diminuaient la digestibité des protéines et de l'amidon.

L'avoine possède une faible valeur énergétique compte tenu de son taux de cellulose élevé. Son emploi en alimentation aviaire est très limité.

Le seigle possède une valeur alimentaire médiocre et renferme des béta-glucanes et des composés phénoliques (de la famille du N-alkyl résorcinol) qui limitent beaucoup son taux d'incorporation dans les rations pour volailles. Ce taux doit être inférieur à 15% pour les jeunes oiseaux et à 25% pour les adultes. Des taux supérieurs entraînent des diarrhées et des baisses de performance.

Les triticales sont de type variés. Les variétés cultivés en France sont proches des blés tendres et ne possèdent quasiment pas les facteurs antinutritionnels du seigle.

Le riz est essentiellement destiné à l'alimentation humaine. Le riz non décortiqué (riz paddy) est riche en cellulose. Par contre, lorsqu'il est décortiqué, il ne présente aucun défaut majeur et ne fait l'objet d'aucune limite d'emploi.

Les grains peuvent être utilisés :

mais le degré de mouture n'a aucune influence sur la digestibilité de ces aliments chez les volailles.
Chez les porcs
Les grains constituent 60 à 70% des aliments composés habituels pour porcs. Leurs apports alimentaires couvrent la majorité des besoins.

Comme pour les volailles, les céréales les plus énergétiques sont recherchées. Les plus utilisés sont l'orge, le blé et le maïs.

Compte tenu de sa teneur en lipides (riches en acide linoléique) l'utilisation massive de maïs peut conduire à la production de lards riches en acides gras polyinsaturés. Ces lards sont mous et peu appréciés en charcuterie.

Le blé possède l'avantage d'avoir des protéines très digestibles par les porcs et un phosphore dont l'assimilation est bonne (> 50%) du fait de l'existence de phytases endogènes.

L'orge, qui est bien acceptée par les porcs, possède, chez ces derniers, une valeur énergétique correcte et permet la production de graisses saturées de qualité.

Comme pour les volailles, les tannins des sorghos réduisent la digestibilité des protéines et l'utilisation de l'énergie des aliments. C'est pourquoi leur incorporation est limitée à des taux d'autant plus faibles que leur teneur en tannins est élevée.

Comme pour les volailles, l'avoine possède chez le porc, une faible valeur énergétique compte tenu de son taux de cellulose élevé. Son emploi en alimentation porcine est limité et ne doit pas dépasser 15% de l'alimentation distribuée (en matière sèche).

Chez le porcs, l'utilisation digestive des céréales est améliorée lorsque les céréales sont broyées. Cependant, une mouture trop fine, surtout avec le maïs, favorise l'apparition d'ulcères gastro-oesophagiens responsables de pertes importantes dans l'élevage. Les céréales, mélangées avec les autres ingrédients de la ration, peuvent être distribuées sous forme de farine sèche, de soupe (2 à 4 litres d'eau / kg de farine) ou de granulés.

Dans cette espèce, les céréales peuvent également être utilisées sous forme de grains humides conservés par ensilage. Cela concerne essentiellement le maïs et de façon anecdotique l'orge et le blé. La valeur énergétique des ensilages de maïs grains (rapportée à la matière sèche) est comparable à celle de leur équivalent sec. La digestibilité des protéines est en général légèrement supérieure dans l'ensilage. La limite d'introduction de l'ensilage de maïs grain dans l'alimentation des porcs est liée à sa teneur en cellulose brute (plus élevée si l'ensilage contient la rafle de l'épis).

Chez les chevaux
Les céréales représentent une excellente source d'énergie pour le cheval.
photo d'une jument de sport au près

Par tradition, En France, c'est l'avoine qui est la céréale la plus utilisée chez les chevaux. Sa valeur énergétique est plus faible que celle des autres céréales. Par contre, sa teneur en matières azotées est plus élevée. De plus, parmi les céréales, les protéines de l'avoine sont les mieux équilibrées en acides aminés indispensables.

L'avoine est très appétente, tendre à la dent, relativement bien pourvue en cellulose (rôle de lest).

Avoine : mythes et réalités

L'avoine est dite "échauffante" car elle posséderait des propriétés toniques, stimulantes. Elle stimulerait les chevaux à tempérament plus lymphatique ("froids). C'est pourquoi, elle est utilisée en préparation aux compétitions. Inversement, elle serait trop excitante pour les chevaux nerveux ("chauds") ou qui doivent effectuer un travail exigeant du calme. L'origine de cette action tonique n'a toujours pas été identifiée. L'avoine noire serait plus stimulante que l'avoine blanche (Wolter 1994).




Le maïs, l'orge et le blé peuvent très bien être utilisées. Aux etats-Unis, c'est le maïs la céréale la plus utilisée pour l'alimentation des chevaux.

Le blé a la réputation d'être échauffant et de provoquer des coliques, des fourbures et de la myoglobinurie. En fait il semble que ces accidents soient dus à la distribution de quantités trop importantes de blé. Il ne faut pas dépasser 0,5 kg de blé par 100 kg de poids vif et par jour. De plus, il faut fractionner la distribution au cours de la journée pour prévenir la formation de pâtons dans le tube digestif, liés à la richesse du blé en gluten. Les mêmes recommandations doivent être appliquées au triticale.

Le seigle, le sorgho et le riz, qui ont été utilisés au début du siècle, ne sont plus utilisé actuellement en France. Aux États-Unis, le sorgho et le riz sont encore parfois utilisés.

Les céréales peuvent être fractionnées (aplatissage, concassage) ou traité thermiquement (cuisson, extrusion, expansion...) mais ces traitements n'améliorent pas significativement leur digestibilité chez les chevaux. Cependant, les grains durs (orge, maïs) doivent être distribués aplatis ou concassés car à l'état entier ils sont mal consommés par les chevaux (de selle particulièrement). L'avoine, plus tendre, peut être distribuée entière ou aplatie. Aplatie, l'avoine se conserve moins bien.


photo d'un étalon de race brabençon

Etalon de race Brabençon

Les mashes sont des préparations traditionnelles dans lesquelles les grains additionnés de graines de lin, de sel, de bicarbonate de sodium et parfois de son et de carottes, sont arrosés d'eau bouillante et distribués quelques heures (une nuit) plus tard. Les mashes ont des vertues laxatives et sont distribués à titre diététique avant un jour de repos. Ne pas confondre avec Mash, terme qui sert a disigner des aliments composés pour animaux de rente donc certains constituants (flocons de maïs...)  ne sont pas broyés puis agglomérés et sont donc facilement identifiable dans le mélange).

Compte tenu du déséquilibre phospho-calcique des céréales, une correction minérale est indispensable. Ceci afin d'éviter les déminéralisation et les problèmes d'ostéofibrose fréquents chez les chevaux lorsque l'utilisation des céréales (telles quelles ou sous forme de mashes) est fréquente.

Les grains germés peuvent être utilisés. Ils sont intéressants d'un point de vue diététique pour les chevaux atteints de constipation et les chevaux qui ont des troubles de l'appétit. Ces grains germés représentent également une friandise pour les chevaux de compétition. Cependant la germination représente des pertes énergétiques importantes, elle représente donc un procédé onéreux.
 
 

Chez les carnivores domestiques
Les grains constituent une source d'énergie bon marché, qui est largement utilisé notamment lorsque la ration possède une densité énergétique pas trop élevée (chien ou chat à l'entretien, régimes pour chien âgés ...).

Le riz est traditionnellement utilisé dans les ration ménagère. Les principales autres céréales sont utilisées dans les aliments industriels.

Les carnivores digèrent mal l'amidon cru. Il faut donc réaliser une pré hydrolyse de l'amidon par cuisson. En alimentation ménagère, le riz (ou les pâtes) doivent être très cuits pour ne pas provoquer de troubles digestifs chez les carnivores. Pour les aliments industriels, les grains sont cuits par divers procédés thermiques donc les principaux sont le floconnage (maïs, avoine...) et l'extrusion. Les traitements thermiques augmentent la digestibilité des grains chez les carnivores domestiques.

Sommaire
général
Sommaire
du cours de Bromatologie
Sommaire
du cours : les céréales
Suite du 
cours : les céréales


Sommaire général | Cours de bromatologie | Les photos | Evaluation | L.Alves de Oliveira | VAS Campus Vétérinaire de Lyon