Utilisation des farines et graisses animales

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Utilisation des farines animales
Les farines animales sont des sources de protéines (MRP : matières riches en protéines) compte tenu de leur taux élevé en MAT. Elles ont été utilisées (et sont encore utilisées dans certains pays hors Union européenne) comme matières premières pour les industries des aliments pour animaux.

Dans notre pays, les farines de viande osseuse n'ont jamais été utilisées directement dans les élevages en temps que aliment simple pour des raisons de circuit d'approvisionnement, de conservation au cours du stockage et d'appétabilité.
 
En France, depuis le 14 novembre 2000, l'utilisation des farines et des graisses animales est strictement réglementée pour la fabrication d'aliments pour animaux (cf plus bas).
 

Matières premières utilisées dans les aliments composés                                          pour animaux en 1997, en France (source Agreste)
Matières premières utilisées dans les aliments composés
pour animaux en 1997, en France (source Agreste)

Lorsque leur utilisation est autorisée, les farines animales sont principalement utilisées dans la fabrication des aliments pour :

Le taux d'incorporation des farines animales dans les aliments composés a toujours été faible. En 1997, les farines animales ont représentées 2,4% des matières premières utilisées pour la fabrication d'aliments composés en France.
 
 
Intérêt des farines animales en alimentation animale
Il faut distinguer le cas des :
- farines de viande
- farines de poissons
farines de viande osseuses
Les farines de viande osseuse représentent à la fois une source de protéines et de matières minérales.
- l'apport protéique
Les quantités de MAT sont intéressantes mais l'équilibre en acides aminés indispensables (en particulier lysine et méthionine) est médiocre et moins intéressant que celui du tourteau de soja. Cela limite l'intérêt des farines de viande osseuses chez les monogastriques mais également chez les ruminants. En effet, compte tenu de la faible dégradabilité ruminale, les MAT des farines de viande osseuses sont peu transformées en protéines microbiennes qui ont une meilleure valeur biologique.
graphique taux de lysine et méthionine des farines animales (en % des MAT)

- l'apport des minéraux
Les farines de viande osseuses constituent une bonne source de minéraux, en particulier de phosphore (élément coûteux en alimentation animale).
Néanmoins, la forte teneur en matières minérales limite les possibilités d'incorporation dans les aliments composés car elle diminue la densité énergétique de l'aliment, ce qui est préjudiciable pour les aliments à haute teneur en énergie. Un taux d'incorporation supérieur à 10% entraîne des baisses de performances chez les volailles par exemple. D'autre part, la forte teneur en matières minérales provoque des apports excessifs de minéraux par rapport aux besoins des animaux, en particulier de calcium chez les volailles en croissance. C'est pour les aliments pour carnivores domestiques (où la part de protéines d'origine animale doit être importante) que cet excès de matières minérales est le plus préjudiciable (ne concerne pas les farine de cretons). Pour pouvoir utiliser des farines de viande osseuses, des procédés de déminéralisation peuvent être utilisés.

Compte tenu qu'il existe d'autres sources de protéines d'intérêt alimentaire équivalent ou supérieur, l'intérêt des farines de viande osseuses est essentiellement un intérêt économique. Elles représentent une source de protéines et de minéraux moins coûteuse. D'ailleurs, le prix des des farines de viande osseuses est étroitement lié aux prix du tourteau de soja.

farines de poissons
Au contraire des farines de viandes, les farines de poissons possèdent un excellent équilibre en acides aminés indispensables. De plus, cette source d'acides aminés indispensables peut être utilisée chez les ruminants grâce à la faible dégradabilité ruminale des protéines de farines de poissons.
Ces  farines représentent des sources de lysine et de méthionine aussi bien pour les monogastriques que pour les vaches laitières hautes productrices. Elles sont incorporées en faibles quantités (compte tenu de leur prix très élevé) dans les aliments composés pour corriger les déficits en acides aminés indispensables des autres matières premières.
La quantité et  la qualité des protéines des farines de poissons sont supérieures à celles des principales matières premières utilisées en alimentation animales.

  
Utilisation chez les ruminants
En France, jusqu'en 1990, les farines animales pouvaient être utilisées dans les aliments concentrés pour ruminants.

Depuis 1990, avec la mise en évidence de l'implication des farines de viande osseuses dans la transmission de la maladie de la "vache folle" (ESB), toute une série de textes législatifs (arrêté du 24 juillet 1990, arrêté du 26 septembre 1990, arrêté du 20 décembre 1994, arrêté du 8 juillet 1996, arrêté du 13 février 2001, l'arrêté du 15 juin 2001,arrêté du 24 août 2001) a interdit l'utilisation de

- toutes les farines animales (sauf celles issues du lait et des produits laitiers, des oeufs et ovo-produits et la gélatine de non-ruminants pour l'enrobage des additifs) dans l'alimentation des ruminants quel que soit leur âge. Les farines de poissons sont interdites pour l'alimentation des ruminants.
- les graisses animales obtenues à partir des os et des farines animales (y compris farines de poissons), ainsi que les graisses de ruminants (à l'exception des seuls tissus adipeux de bovins collectés à l'abattoir avant la fente de la colonne vertébrale).


Avant l'interdiction de 1990, le taux d'incorporation des farines de viande dans les aliments composés pour ruminants a toujours été faible dans notre pays, de l'ordre de 2 à 3%. "Par tradition en France, les farines animales sont incorporées en faibles quantités, moins de 5%, dans les rations pour bovins. Au contraire, les britanniques en incorporent jusqu'à 10% dans ces rations". DUPHOT V., 1990, Revue de l'Alimentation Animale, 7/8, 8-9.
Compte tenu que la ration des ruminants ne peut pas comporter que des aliments concentrés, les farines de viande osseuses ont représenté au plus 1 à 2% de la matière sèche de la ration. C'est pourquoi affirmer que l'alimentation moderne a transformé les vaches en carnivores est excessif.
Au Royaume-Uni, l'usage des farines de viande pour l'alimentation des ruminants a été interdit en juillet 1988.
Aux USA et Canada, l'utilisation de farines animales est actuellement interdite pour l'alimentation des ruminants (l'usage des farines de ruminants pour l'alimentation des ruminants a été interdit en 1997 aux USA mais farines de mammifères (porcs...), de sang... étaient encore autorisées).
 
 

Utilisation chez les animaux de productions non ruminants (monogastriques)
En France, depuis le 14 novembre 2000 (arrêté du 14 novembre 2000 modifié par l'arrêté du 13 février 2001, l'arrêté du 15 juin 2001 et l'arrêté du 24 août 2001), il est interdit d'utiliser (utilisation suspendue) :
- toutes les farines de viande (sauf celles issues du lait et des produits laitiers, des ovoproduits ainsi que la gélatine de non-ruminants pour l'enrobage des additifs)
- les graisses animales obtenues à partir des os et des farines animales, ainsi que toutes les graisses de ruminants (à l'exception des seuls tissus adipeux de bovins collectés à l'abattoir avant la fente de la colonne vertébrale).
pour la fabrication d'aliments pour animaux de production.
 

Par contre, sont admises pour  l'alimentation des monogastriques, sous certaines conditions (article 3/annexe II de l'arrêté du 24 août 2001 / décision 2001/9/CE) :

- les farines de poissons, les protéines hydrolysées issues de plumes.
- le phosphate bicalcique dérivé d'os.
- les graisses issues de farines de poissons .
Dans les années 90 (avant l'interdiction) les farines de viande étaient principalement utilisées pour les aliments volailles et porcs : Les protéines de plasma étaient utilisées depuis les années 1993-94, dans les aliments de sevrage des porcelets car elles représentent la meilleure source de supplémentation protéique utilisable. Leur utilisation autorise des sevrages très précoces (21 jours) et diminue la fréquence des diarrhées au cours de cette phase délicate de la vie des porcelets. Dans ce cas le taux d'incorporation est compris entre 5 et 10%.

Aux Etats-Unis et au Canada, l'usage des farines animales reste autorisé pour l'alimentation des animaux non ruminants (mars 2004).
 
Utilisation chez les poisssons (de productions)
Les farines et graisses de poissons (ainsi que tous les produits issus de poissons, crustacées et de coquillages), les protéines hydrolysées (issues de poissons et de plumes), le phosphate bicalcique, les farines issues du lait et des produits laitiers, des ovoproduits sont restées autorisées pour la fabrication d'aliments destinées aux poissons.
Toutes les farines de viande (sauf celles issues du lait et des produits laitiers, des ovoproduits ainsi que la gélatine de non-ruminants pour l'enrobage des additifs), les graisses animales obtenues à partir des os et des farines animales, ainsi que les graisses de ruminants (à l'exception des seuls tissus adipeux de bovins collectés à l'abattoir avant la fente de la colonne vertébrale) sont interdites pour la fabrications d'aliments pour poissons (arrêté du 14 novembre 2000 modifié par l'arrêté du 13 février 2001, l'arrêté du 15 juin 2001 et l'arrêté du 24 août 2001).

Les farines de poissons, qui sont plus coûteuses et produites en moins grandes quantités, ont toujours été plutôt réservées aux aliments à forte plus value notamment ceux destinés aux piscicultures.

 

Utilisation chez les animaux de compagnie (monogastriques)
Pour la fabrication d'aliments destinés aux animaux de compagnie,  peuvent être utilisées (arrêté du 8 novembre 2001)  :
Les farines de viande (protéines animales transformées) issues :
- des denrées animales ou d'origine animale reconnues propres à la consommation humaine
- des produits sanguins issus d'établissements agréés
- des espèces autres que ruminants
- des cretons de ruminants, obtenus à partir de tissus adipeux collectés avant fente de la colonne vertébrale
Les graisses
- fondues, obtenues à partir de tissus adipeux des espèces autres que ruminants
- fondues, obtenues à partir de tissus adipeux de ruminants collectés avant fente de la colonne vertébrale
- obtenues à partir de la fonte d'os d'espèces autres que ruminants
- obtenues à partir de farines de viande des espèces autres que ruminants


Remarque : peuvent être utiliser pour l'alimentation des animaux de compagnie des denrées animales non transformées en farines ("viandes fraîches")
- denrées animales ou d'origine animale reconnues propres à la consommation humaine
-  matières à faible risque telles que définies par l'arrêté du 30 décembre 1991, autres que les tissus adipeux de ruminants collectés après fente de la colonne vertébrale.

 L'utilisation des farines et de graisses animales (de viande ou de poissons) est autorisée
(arrêté du 8 novembre 2001) si :
- ces farines et graisses animales sont fabriquées à partir de déchets d'abattoirs agrées pour la consommation humaine (article L233-2 du Code Rural)
- ces farines et graisses animales sont fabriquées dans des usines agrées (article L226-9 du Code Rural, arrêté du 2 mai 1994, l'arrêté du 30 décembre 1991)
- ces farines et graisses animales sont utilisées dans des usines de fabrication qui produisent uniquement des aliments pour animaux de compagnie à l'exclusion d'aliments destinés aux animaux de production.

Dans les aliments secs pour carnivores domestiques, ce sont principalement les farines de cretons qui sont utilisées. Les farines de viande osseuse sont le plus souvent trop riches en matières minérales et présentent une digestibilité plus faible que les farines de cretons compte tenu des traitements thermiques qu'elles ont subit.

A noter, les farines animales destinées aux animaux familiers ne doivent pas obligatoirement avoir subit un traitement à 133°C, sous une pression de 3 bars durant 20 minutes. (arrêté du 9 avril 2001 et la décission 99/534/CE).

Les protéines de plasma et les farines de poissons  (plus coûteuses et produites en moins grandes quantités) sont également utilisées par l'industrie des pets foods (aliments pour carnivores domestiques).

Au Royaume-Uni, l'usage des farines de viande a été définitivement interdit pour l'alimentation de tous les animaux en août 1996.
 

Utilisation des graisses animales
 
En France, depuis le 14 novembre 2000 (arrêté du 14 novembre 2000 modifié par l'arrêté du 13 février 2001, l'arrêté du 15 juin 2001 et l'arrêté du 24 août 2001), il est interdit d'utiliser les graisses animales obtenues à partir des os et des farines de viande ainsi que les graisses de ruminants (à l'exception des seuls tissus adipeux de bovins collectés à l'abattoir avant la fente de la colonne vertébrale) pour l'alimentation de tous les animaux de production. De plus, les graisses obtenues à partir de farines de poissons sont interdites pour l'alimentation des ruminants.

Toutes les autres graisses animales, en particulier celles obtenus à partir de tissus adipeux dans des fondoirs restent autorisées.
 
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