Amarante réfléchie (Amaranthus retroflexus L.)
AMARANTHACEES
Photos Amarante
Noms vernaculaires [24, 27, 33] :
Blé rouge, amaranthe.
Nom anglais : Redroot pigweed, rough pigweed.
Description botanique [2, 24, 27, 33, 36] :
L’amarante est une plante annuelle ou bisannuelle qui atteint 20 à 150 cm de hauteur et
dont la racine pivotante est rouge.
tige est dressée, rougeâtre, pubescente et peu ou pas rameuse.
Les feuilles sont entières, longuement pétiolées et de forme ovale ou rhombique.
Les fleurs sont petites (4 à 6 mm de long), pourvues de cinq sépales verdâtres mais
dépourvues de pétales [2,24,36]. Elles sont regroupées en glomérules réunis en grappe qui
forme une panicule touffue et piquante à l’aisselle des feuilles et à l’extrémité de la tige.
Le fruit est une capsule de forme ovoïde s’ouvrant transversalement par un couvercle,
libérant ainsi de petites graines (environ 1 mm de long) noires, aplaties et luisantes.
Biotope [2, 8, 36] :
L’amarante est présente ça et là en France. Considérée comme une plante adventice,
elle peuple les cultures, les terrains vagues et les bords de chemins. Elle
apprécie les sols riches en matière organique.
Période de floraison [24, 36] :
Cette plante fleurit de juin à novembre.
Biologie [24, 30, 36] :
De nombreuses variétés d’amarante sont cultivées dans les jardins, leur inflorescence
touffue leur a valu le nom de « queue-de-renard » (A. caudatus L.) ou « crête de coq » (A.
tricolor).
Parties toxiques de la plante [2, 24, 27] :
Toute la plante est toxique (en particulier les feuilles), principalement durant la
période de floraison. La plante conserve sa toxicité après dessiccation.
Principes toxiques [2, 24, 27, 33] :
Cette plante contient :
- De l’acide oxalique en grande quantité (en particulier dans les feuilles : 12 à 30% de
la matière sèche) ;
- Des nitrates en quantité variable (pouvant être très élevée) : 0,2 à 1,5% de la
matière sèche.
Dose toxique [24, 27, 33] :
La dose toxique est mal connue, elle serait de plusieurs kilogrammes par jour pendant
quelques jours (4 à 10 jours) chez les bovins.
Circonstances d’intoxication [24, 27, 33] :
Les appels concernant l’amarante représentent 1,3% des appels de toxicologie végétale
au CNITV pour les ruminants (1,5% des appels pour les bovins, 1,3% pour les ovins et 0,6%
pour les caprins).
Graph.1. Répartition des appels concernant l’amarante par espèce (données du CNITV : 51 appels)
Cette intoxication concerne principalement les bovins et les ovins ainsi que les caprins
dans une moindre mesure (sur les 51 appels au CNITV concernant l’amarante chez les
ruminants, 78% impliquent les bovins, 16% impliquent les ovins et seulement 6% concernent
les caprins).
La consommation directe de la plante fraîche par les ruminants est plutôt rare mais
peut survenir en période de disette ou de sécheresse. L’intoxication par consommation de
fourrages ou d’ensilages contaminés est plus fréquente (en particulier les fourrages ou ensilages de maïs).
Graph.2. Répartition annuelle des appels concernant l’amarante (données du CNITV : 51 appels)
Les appels au CNITV concernant l’amarante atteignent leur maximum de septembre à
novembre ce qui correspond à la période de floraison (donc de toxicité maximale) de la plante.
Signes cliniques [2, 24, 27, 33] :
Les signes cliniques apparaissent après une consommation régulière de plusieurs
jours (4 à 10 jours) chez les bovins :
- Signes généraux : abattement
- Signes digestifs : anorexie, inrumination, diarrhée parfois hémorragiqu
- Signes nerveux (ce sont quasiment les seuls signes observés chez les ovins en cas
d’intoxication par l’amarante) : ataxie, tremblements, paralysie
- Signes respiratoires : dyspnée
- Signes urinaires : oligurie ou anurie.
Graph.3. Signes cliniques et lésions rapportés lors des appels au CNITV concernant l’amarante (n = 51)
Le signe clinique le plus fréquemment rapporté lors des appels au CNITV concernant
l’amarante est une prostration (19,6% des cas). Des signes nerveux sont également
fréquemment notés avec de l’ataxie dans 11,8% des cas et des trémulations musculaires dans
7,8% des cas. De la diarrhée est également signalée dans 5,9% des cas. Enfin, de la dyspnée
est rapportée dans 7,8% des cas.
Signes paracliniques [24] :
On pourra constater de l’hypocalcémie, de l’hypermagnésémie, de l’hyperkaliémie, de
l’urémie et une augmentation des transaminases hépatiques (GOT).
Evolution [24] :
La mort peut survenir en 2 à 6 jours chez les bovins.
Lésions [2, 24, 27] :
On peut constater :
- Des hémorragies du tissu conjonctif sous-cutané et des séreuses ;
- Un oedème de la paroi abdominale ventrale et autour du rectum ;
- Une congestion et parfois des ulcérations du larynx et de la trachée ;
- Une congestion du tractus digestif parfois associée à des ulcérations de la
caillette, des intestins et de l’oesophage ;
- Un oedème périrénal ainsi que des pétéchies sous capsulaires, une dégénérescence
et une nécrose rénale ;
- Parfois, la présence de cristaux d’oxalate dans les tubules rénaux.
Diagnostic différentiel :
Il prendra en compte les affections et intoxications responsables de troubles
digestifs et nerveux chez les bovins et celles responsables de troubles nerveux chez les
ovins.
Diagnostic expérimental :
Il correspond à l’examen macroscopique et microscopique du contenu ruminal.
Traitement [24, 27, 33] :
Le traitement est purement symptomatique :
- Charbon végétal activé ;
- Perfusion (glucose) ;
- Gluconate de calcium (IV) ;
- Minéralocorticoïdes (acétate de désoxycorticostérone) pour les femelles non gestantes ;
- Hépatoprotecteurs : arginine, acide glutamique ;
- Xylazine en cas de troubles nerveux.
Il convient également d’empêcher les animaux de continuer à consommer la plante.
Pronostic [2, 24, 27] :
Le pronostic est bon chez les bovins si la consommation de la plante est interrompue
dans les 48 heures. Il reste réservé selon la teneur en nitrates de la plante.
D’après les données du CNITV, le taux de morbidité est de 22% chez les bovins (pour
406 bovins exposés), 8% chez les ovins (pour 494 ovins exposés) et 4% chez les caprins (pour
101 caprins exposés). Le taux de mortalité atteint 8% chez les bovins, 6% chez les ovins et
3% chez les caprins. Le taux de létalité atteint, quant à lui, 37% chez les bovins, 79% chez les
ovins et 75% chez les caprins.
Version : 2009