Gui blanc (Viscum album L.)

LORANTHACEES
Photo gui

Noms vernaculaires
[2, 16, 24, 27, 33] :
  Vert de pommier, blondeau, bois de la Sainte-Croix, bouchon, gillon, verquet, glu, gu.
  Nom anglais : mistletoe, european mistletoe.

Description botanique [
2, 16, 18, 24, 36] :
  Le gui est un sous-arbrisseau vivace au feuillage persistant qui forme une boule
pouvant atteindre un mètre d’envergure.
  Les tiges arrondies se divisent dichotomiquement et sont articulées au niveau des
noeuds.
  Les
feuilles sont opposées, entières, sessiles, coriaces et vert-jaunâtre.
Elles mesurent 20 à 80 mm de longueur et sont plus larges dans leur moitié supérieure.
Leurs nervures sont parallèles.
  Les fleurs sont petites et verdâtres, disposées par trois à cinq en minuscules cymes
axillaires ou à l’extrémité des rameaux. Le gui est une plante dioïque dont les fleurs
mâles possèdent quatre tépales et les fleurs femelles huit tépales (quatre externes et quatre
internes).
  Le
fruit est une baie d’abord verdâtre, puis blanche translucide à maturité, mesurant 6
à 10 mm de diamètre. Il est présent en novembre-décembre et contient une pulpe
visqueuse renfermant une seule graine.

Biotope [2, 18, 27, 36] :
  On retrouve cette plante dans toute la France mais elle reste rare sur le pourtour
méditerranéen. Elle est très commune localement et parasite fréquemment les peupliers,
les pommiers disposés en plein vent, les tilleuls, les saules, les sorbiers, les robiniers et
d’autres essences à feuilles caduques. Elle parasite très rarement les châtaigniers, les cerisiers,
les charmes et les chênes.

Période de floraison [16, 18, 24, 36] :
  Le gui fleurit de février à mai.

Biologie [16, 36] :
  Le gui est un hémiparasite, il prélève l’eau et les sels minéraux de son hôte par
l’intermédiaire de suçoirs mais assure lui-même sa synthèse chlorophyllienne [36]. Il peut
ainsi vivre à l’ombre de la cime de son hôte et profite du soleil lorsque celui-ci perd ses
feuilles à l’automne. Comme tous les hémiparasites, il est capable d’accumuler les
substances pharmacologiquement actives de ses hôtes (telles que les hétérosides
cardiotoniques du laurier rose par exemple).
  Les oiseaux frugivores participent à sa dissémination (en particulier la grive draine) en
mangeant ses fruits et en rejetant les graines non digérées dans les fientes, ou simplement
en laissant des graines fixées aux branches des arbres après s’être frotté le bec dessus pour
se libérer de la chair collante du fruit.

Parties toxiques de la plante [16, 27] :
  Ce sont les feuilles et les tiges qui sont toxiques, les baies ne sont par contre pas
toxiques.

Principes toxiques [2, 16, 24, 27, 33] :
  Outre le fait que le gui peut concentrer les principes toxiques des hôtes qu’il parasite,
il contient un mélange toxique (toxicité cardiaque et nerveuse) de protéines alcalines, de
polypeptides et de lectines, dont l’activité semble néanmoins dépendre de l’hôte qui héberge
le gui :
- Viscotoxines : polypeptides ayant des propriétés similaires à la viscumine et
stimulant les muscles squelettiques
- Viscine
- Viscumine : lectine toxique qui agglutine les globules rouges in vitro.
  Il contient également :
- Des saponosides
- De la choline
- De l’acétylcholine.

Dose toxique [27, 33] :
  La dose toxique n’est pas connue.

Circonstances d’intoxication [27, 33] :
  Les appels au CNITV concernant le gui représentent 1,7% des appels de toxicologie
végétale pour les ruminants (1,4% des appels pour les bovins, 2,7% pour les ovins et 1,9% pour
les caprins).


Graph.52. Répartition des appels concernant le gui par espèce (données du CNITV : 64 appels)

  Cette intoxication concerne les bovins principalement ainsi que les ovins et les caprins
dans une moindre mesure (sur les 64 appels concernant le gui chez les ruminants, 59%
impliquent les bovins et respectivement 27% et 14% impliquent les ovins et les caprins) mais
elle reste rare chez les ruminants.
  Elle intervient par consommation des tiges et des feuilles du gui sur des arbres
abattus (par l’homme ou par une tempête) en période de disette.


Graph.53. Répartition annuelle des appels concernant le gui (données du CNITV : 64 appels)

  Les appels concernant le gui sont plus fréquents en janvier, ce qui semble difficile à
expliquer si ce n’est par son emploi décoratif lors des fêtes, et en mars, ce qui peut
correspondre à la mise à l’herbe des animaux alors que l’herbe est encore rare.

Signes cliniques [2, 16, 24, 27, 33] :
  On peut observer :
- Des signes digestifs (dus à une irritation et une nécrose locale lors d’ingestion de
grandes quantités) : coliques, diarrhée profuse
- Des signes respiratoires : dyspnée
- Des signes cardiaques : bradycardie
- Des signes nerveux : ataxie, parfois hyperesthésie, opisthotonos et coma
- Des signes oculaires : mydriase
- Des signes urinaires : polyurie.
  Expérimentalement, on a pu déterminer que les principes toxiques du gui peuvent
entraîner des avortements (par accroissement de la tonicité utérine).


Graph.54. Signes cliniques et lésions rapportés lors des appels au CNITV concernant le gui (n=64)

  Lors des appels au CNITV concernant le gui, on rapporte dans la majorité des cas
l’absence de symptômes (17,2% des cas). Des signes généraux (prostration et décubitus),
digestifs (diarrhée et hypersalivation) et des troubles de la reproduction (avortements) sont
bien moins fréquemment relevés. Cependant, 60% des appels concernant le gui se rapportent
à une intoxication classée comme peu probable voire improbable et 25% des appels consistent
en une demande de renseignements sur la toxicité de cette plante, ce qui semble indiquer que
le gui n’est pas, en réalité, une plante très toxique.

Evolution [27] :
  Elle peut être très rapide en cas d’ingestion massive et la mort peut alors survenir en
48 heures. Des cas de mort subite sont rapportés dans 7,8% des appels au CNITV.

Lésions [2, 24, 27] :
  Les lésions ne sont pas spécifiques. On peut observer une congestion pulmonaire
et une gastro-entérite.

Diagnostic différentiel :
  Il prendra en compte les causes de mort subite chez les ruminants ainsi que les
affections et intoxications responsables de troubles digestifs, respiratoires et nerveux pour
les cas moins graves.

Diagnostic expérimental :
  On peut procéder à l’examen macroscopique ou microscopique du contenu ruminal.

Traitement [2, 24, 27, 33] :
  Il est uniquement symptomatique :
- Charbon végétal activé
- Purgatif salin
- Pansements digestifs
- Perfusion
- Analeptiques cardio-respiratoires : doxapram, caféine (ne pas administrer de
cardiotoniques digitaliques)
- Atropine si bradycardie.

Pronostic [24] :
  Le pronostic est réservé, il dépend fortement de la quantité ingérée.
  D’après les données du CNITV, le taux de morbidité est de 78% chez les bovins (pour
42 bovins exposés), 13% chez les ovins (pour 89 ovins exposés) et 100% chez les caprins (pour
10 caprins exposés). Le taux de mortalité atteint 31% chez les bovins, 10% chez les ovins et
80% chez les caprins. Le taux de létalité atteint, quant à lui, 40% chez les bovins, 75% chez
les ovins et 80% chez les caprins.

Utilisations pharmaceutiques [2, 16, 24] :
  Les extraits de gui ont une activité hypotensive, vasodilatatrice, antispasmodique,
diurétique et anti-tumorale. Ces principes actifs sont utilisés comme immunomodulateurs
et dans le traitement de l’hypertension et de l’artériosclérose.