Colchique d’automne (Colchicum autumnale L.)
LILIACEES
Photos colchique
Noms vernaculaires [2, 11, 24, 25, 31, 33, 36] :
Safran bâtard, faux safran, safran des bois, safran des prés, safran sauvage,
tue-chien, tue-loup, veilleuse, veillotte, dame nue, dame sous chemise, corme,
arsenic végétal, oignon de loup, vachotte, chénarde, lis vert.
Nom anglais : meadow saffron, autumn crocus.
Description botanique [2, 11, 17, 18, 24, 25, 32, 36] :
Le colchique est une plante herbacée glabre de 8 à 40 cm de hauteur.
Elle est vivace et possède un bulbe brun noirâtre de 3 à 5 cm de diamètre.
La tige est souterraine, massive et courte, protégée par des feuilles écailleuses
(corme).
Au printemps, trois ou quatre grandes feuilles membraneuses à nervures parallèles,
entières, vert foncé brillant, dressées, lancéolées, à extrémité pointue, entourent la tige qui
porte le fruit.
En fin d’été et début d’automne, des fleurs rose-lilas (rarement blanches), de 4 à 6 cm
de long, solitaires ou groupées par deux à trois, apparaissent au ras du sol (à ne pas confondre
avec les crocus qui fleurissent au printemps en général). Les fleurs sont
constituées d’un long tube blanc (10 à 15 cm) divisé ensuite en six lobes (six tépales).
Le fruit est une capsule verte triloculaire de la taille d’une noix à l’intérieur de laquelle
se trouvent de nombreuses petites graines et dures.
Biotope [8, 17, 18, 24, 25, 36] :
Cette plante, considérée comme une mauvaise herbe, fleurit dans les prairies humides
et les fonds de vallée non drainés ainsi qu’au niveau des bords de route herbeux et des forêts
riveraines, de l’étage collinéen à l’étage subalpin. Elle affectionne les sols neutres
ou calcaires et les sols riches en azote. Elle est présente dans toute la France mais
est plus rare au niveau du pourtour méditerranéen et au niveau des Pyrénées.
Période de floraison :
Cette plante fleurit d’août à octobre.
Biologie [36] :
Le colchique se distingue par sa floraison en automne et la présence de ses feuilles au
printemps. Le bulbe, souvent enfoncé à 20 cm de profondeur dans la terre, stocke les
glucides issus de la photosynthèse. Au printemps, le pédoncule du fruit commence à se
développer et soulève la capsule, souvent à plus de 20 cm au dessus du sol.
Parties toxiques de la plante [17,24,25,27]:
Les feuilles, les fleurs, la capsule, les graines et le bulbe sont toxiques même après
dessiccation.
Principes toxiques [2, 11, 24, 27, 31] :
Toutes les parties de la plante sont toxiques car elles contiennent un alcaloïde : la
colchicine (les fleurs contiennent jusqu’à 0,6% de colchicine, le bulbe entre 0,2 et 0,6% et les
graines 0,3 à 0,8%). On y trouve également du colchicoside, de la colchicéine, de
la démécolcine et des tanins dans les graines.
Mode d’action [2, 24]:
La colchicine inhibe les mitoses et provoque, après oxydation, des troubles de la
perméabilité capillaire [2,24].
Pharmacocinétique [2, 24, 27] :
L’absorption intestinale de la colchicine est lente d’où une apparition souvent différée
des troubles. Le passage dans le lait est faible mais possible, il faut donc empêcher sa
consommation, au moins pendant la phase clinique de l’intoxication.
Dose toxique [11, 24, 27, 33] :
La toxicité du colchique est cumulative. La dose toxique est de :
- 1 mg de colchicine par kilo de poids vif dans toutes les espèces.
- 8 à 16 g de feuilles fraîches par kilo de poids vif chez les bovins.
- 2 à 3 g de feuilles sèches par kilo de poids vif chez les bovins.
Circonstances d’intoxication [9, 11, 17, 24, 25, 27] :
Les appels concernant le colchique représentent 1,9% des appels de toxicologie
végétale au CNITV pour les ruminants (2,2% des appels pour les bovins, 1,7% pour les ovins et
0,4% pour les caprins).
Graph.22. Répartition des appels concernant le colchique par espèce (données du CNITV : 72 appels)
L’intoxication touche principalement les bovins alors que la chèvre semble être peu
sensible. Sur les 72 appels au CNITV concernant le colchique chez les ruminants, 82%
impliquent les bovins, 15% les ovins et seulement 3% les caprins.
L’intoxication a lieu le plus souvent au printemps au pâturage lors de la mise à l’herbe.
Elle peut aussi survenir après un changement de pâturage ou beaucoup plus rarement avec du
foin contaminé (bien que la plante conserve sa toxicité après dessiccation).
L’appétence de cette plante est augmentée par l’utilisation d’herbicides de la famille des
aryloxyacides (2,4-D, 2,4,5-T, etc.) favorisant ainsi les intoxications.
Graph.23. Répartition annuelle des appels concernant le colchique (données du CNITV : 72 appels)
Les appels au CNITV se divisent en deux grands groupes : on a ainsi un maximum
d’appels aux mois de mai, juin et juillet, correspondant à la présence des feuilles de colchique
dans les prés puis un deuxième pic d’appels (de moindre importance) aux mois d’août,
septembre et octobre correspondant à la période de floraison de la plante.
Signes cliniques [2, 11, 24, 25, 27, 33] :
Les signes cliniques peuvent apparaître jusqu’à 48 heures après ingestion, ce sont
essentiellement des signes digestifs.
- Signes généraux : décubitus, prostration, hypothermie, agalaxie.
- Signes digestifs : ptyalisme, dysphagie, anorexie, inrumination, météorisation,
coliques, diarrhée blanchâtre fétide ou hémorragique, ténesme, épreintes
- Signes nerveux : ataxie, paralysie
- Signes cardio-vasculaires : tachycardie, hypotension, pâleur des muqueuses
- Signes respiratoires : bradypnée, dyspnée
- Signes urinaires : anurie, pollakiurie, hématurie.
Graph.24. Signes cliniques et lésions rapportés lors des appels au CNITV concernant le colchique
(n=72)
Les signes cliniques les plus fréquemment rapportés au CNITV sont assez similaires à
ceux retrouvés dans la bibliographie. Ainsi, on retrouve les signes généraux précédemment
cités avec une prostration rapportée dans 23,6% des cas, un décubitus rapporté dans 13,9%
des cas et une hypothermie rapportée dans 11,1% des cas. Les signes digestifs constituent la
majeure partie du tableau clinique avec de la diarrhée rapportée dans 45,8% des cas et des
coliques dans 13,9% des cas.
Signes paracliniques :
On peut observer de l’anémie et de l’hématurie.
Evolution :
L’évolution se fait vers la mort en quelques heures à quelques jours (4 à 7 jours) par
paralysie des muscles respiratoires et insuffisance rénale et circulatoire. Des
cas de mort subite sont par ailleurs assez fréquemment signalés au CNITV (18,1% des cas).
Lésions [24, 25, 27] :
Elles sont non spécifiques. On observe :
- Une gastro-entérite marquée
- Une congestion importante du tube digestif
- Des érosions, des ulcération et des hémorragies intestinales
- Un foie friable
- Une congestion rénale.
Diagnostic différentiel :
Il devra prendre en compte les affections et les intoxications responsables de
troubles digestifs majeurs.
Diagnostic expérimental [25] :
On peut réaliser une identification macroscopique voire microscopique des débris
végétaux contenus dans le rumen. Il est également possible de détecter la colchicine
dans les échantillons biologiques (contenu digestif ou plasma) mais avec une faible sensibilité.
Traitement [2, 24, 25, 27, 33] :
Il est illusoire si de grandes quantités ont été ingérées. On peut préconiser
l’utilisation de :
- Charbon végétal activé
- Perfusion (gluconate de calcium et glucose hypertonique)
- Purgatif salin : sulfate de soude
- Diurétiques : furosémide
- Pansements gastro-intestinaux
- Analeptiques cardio-respiratoires
- Antibiotiques si complications bactériennes
- Antispasmodiques
- Hépatoprotecteurs
- Vitamine B1 en cas de paralysie
- Tanins ou lait pour précipiter la colchicine
- Stimulants sanguins.
Pronostic [24, 25] :
Il est sévère et selon les données bibliographiques, la mortalité s’élèverait à 50%.
D’après les données du CNITV, le taux de morbidité s’élève à 50% chez les bovins
(pour 308 bovins exposés), 10% chez les ovins (pour 273 ovins exposés) et 63% chez les
caprins (pour 8 caprins exposés). Le taux de mortalité atteint 20% chez les bovins, 4% chez
les ovins et 63% chez les caprins. Le taux de létalité est quant à lui de 39% chez les bovins,
42% chez les ovins et 100% chez les caprins.
Utilisations pharmaceutiques [2, 11, 31] :
La colchicine, qui a fait l’objet d’étude pour son action antimitotique, inhibe la
formation des microtubules et bloque la mitose en métaphase. On l’utilise dans le
traitement des rhumatismes et des crises aiguës de goutte (propriétés anti-inflammatoires
spécifiques des arthropathies microcristallines).
Version : 2009