Trèfle hybride (Trifolium hybridum L.)

PAPILIONACEES
Voir Plantes photosensibilisantes
Photos Trèfle hybride
Bibliographie : [
2, 8, 24, 27, 31]

Noms vernaculaires :
  Trèfle alsike.
  Nom anglais : alsike clover.

Description botanique :
  Le trèfle hybride est une plante herbacée vivace atteignant 40 à 50 cm de hauteur.
  Il possède des tiges glabres ou légèrement velues, creuses, longues et molles.
  Les
feuilles sont composées de trois folioles ovales et finement dentées. Les
stipules sont terminées par une longue pointe.
  Les
fleurs mesurent 8 à 9 mm de long et forment une inflorescence (glomérule)
retombante d’abord blanche puis rosée.
  Le
fruit est une gousse non bosselée contenant deux à quatre graines.

Biotope :
  Le trèfle hybride peuple les prairies et les chemins humides. Il affectionne les
sols sablonneux ou plus fertiles.

Période de floraison :
  Le trèfle hybride fleurit de juin à septembre.

Biologie :
  Il est cultivé comme fourrage et c’est une excellente plante mellifère.

Parties toxiques de la plante :
  Toute la plante est toxique mais la toxicité ne se manifeste qu’après plusieurs
semaines de consommation de la plante fraîche.

Principes toxiques :
  Le trèfle hybride contient des alcaloïdes hépatotoxiques responsables d’une
photosensibilisation secondaire.

Dose toxique :
  La dose toxique n’est pas connue.

Circonstances d’intoxication :
  Les appels concernant l’ensemble des espèces de trèfle représentent 0,7% des appels
de toxicologie végétale au CNITV pour les ruminants (0,7% des appels pour les bovins, 0,8%
pour les ovins et 0,6% pour les caprins).


Graph.114. Répartition des appels concernant les trèfles par espèce (données du CNITV : 28 appels)

  
  Sur les 28 appels concernant toutes les espèces de trèfle confondues chez les
ruminants, 71% impliquent les bovins et respectivement 18% et 11% impliquent les ovins et les
caprins. L’intoxication par le trèfle hybride ne déroge pas à cette répartition et concerne
principalement les bovins.
  L’intoxication par le trèfle hybride est due à la consommation de la plante fraîche en
période de disette pendant plusieurs semaines, elle est devenue très rare aujourd’hui [24,27].


Graph.115. Répartition annuelle des appels concernant les trèfles (données du CNITV : 28 appels)

  Les appels au CNITV concernant les trèfles toutes espèces confondues sont répartis
d’avril à novembre (avec un maximum en juin) et s’étalent ainsi sur toute la période de
développement des différentes espèces.

Signes cliniques :
  Après plusieurs semaines de consommation, on peut voir apparaître :
- Des signes généraux : hyperthermie, hypersudation, abattement
- Des signes digestifs : anorexie, ptyalisme, stomatite, coliques, diarrhée ou
constipation
- Des signes nerveux : tristesse, somnolence, dépression avec phases d’excitation et
de convulsions, démarche lente, parésie de la langue, des lèvres et du pharynx
rendant la mastication difficile
- Des signes cutanés (non constants) : dermatite au niveau des zones fines et
dépigmentées (pourtour des yeux et des trayons), prurit intense, érythème,
vésicules, pustules, croûtes brunâtres, aspect parcheminé de la peau, gangrène
cutanée
- Des signes urinaires : urine foncée
- Des troubles métaboliques : subictère ou ictère.


Graph.116. Signes cliniques et lésions rapportés lors des appels au CNITV concernant les trèfles (n=28)


  Les signes cliniques les plus fréquemment rapportés lors des appels au CNITV
concernant les trèfles toutes espèces confondues définissent deux tableaux cliniques, l’un
correspondant plutôt à une photosensibilisation secondaire et l’autre plutôt à une
météorisation spumeuse (dont l’origine n’est pas toxique mais plutôt un déséquilibre
alimentaire).
  Ainsi, une diarrhée (rapportée dans 25% des cas), une hyperthermie et un oedème
cutané (rapportés dans 10,7% des cas) dessinent un tableau clinique s’apparentant plutôt à
l’intoxication par le trèfle hybride (photosensibilisation secondaire).
L’ataxie (signalée dans 10,7% des cas), le météorisme (signalé dans 10,7% des cas) et
les avortements (signalés dans 10,7% des cas) dressent plutôt un tableau clinique de
météorisation spumeuse comme dans l’intoxication par le trèfle rampant.
Enfin, la prostration (rapportée dans 25% des cas), la diminution de la production
lactée et le décubitus (rapportés dans 10,7% des cas) rentrent dans les deux tableaux
cliniques.

Evolution :
  La consommation continue de trèfle hybride peut aboutir à la mort de l’animal.

Lésions :
  On peut constater :
- Une dégénérescence hypertrophique du foie
- Une stomatite
- Une dermatose nécrotique du chanfrein et un oedème sous-cutané.

Diagnostic différentiel :
  Il prendra en compte les autres causes de photosensibilisation, qu’elles soient primaire,
secondaire ou par synthèse aberrante de pigments.

Diagnostic expérimental :
  Il passe par l’observation macroscopique ou microscopique du contenu ruminal.

Traitement :
 Le traitement est uniquement symptomatique :
- Purgatifs salins : sulfate de sodium
- Diurétiques : furosémide
- Corticoïdes
- Hépatoprotecteurs
  Il faut surtout penser à mettre les animaux à l’ombre et à stopper la consommation
de trèfle.

Pronostic :
  Le pronostic est réservé, la guérison est possible si les animaux ne souffrent que de
signes cutanés, l’apparition d’un ictère assombrit par contre le pronostic.
  D’après les données du CNITV concernant les trèfles toutes espèces confondues, le
taux de morbidité est de 44% chez les bovins (pour 224 bovins exposés), 41% chez les ovins
(pour 186 ovins exposés) et 100% chez les caprins (pour 3 caprins exposés). Le taux de
mortalité atteint 6% chez les bovins, 4% chez les ovins et il est nul chez les caprins. Le taux
de létalité atteint, quant à lui, 13% chez les bovins, 10% chez les ovins et il est nul chez les
caprins.