Chénopode Bon-Henri (Chenopodium bonus-henricus
L.), Chénopode blanc (Chenopodium album L.)

CHENOPODIACEES
Photos Chénopode

Noms vernaculaires :
- Chénopode Bon-Henri [8,18,24,31,36] :
  Chénopode du bon Henri, herbe du bon-Henri, ansérine bon Henri, bon Henri, épinard sauvage,
oseille de Tours, herbe de charpentier, patte d’oie triangulaire, sarron, serron.


- Chénopode blanc [2, 24]:
  Ansérine , ansérine blanche, chou gras, poule grasse, drageline, senousse.
Nom anglais : lambsquarter.


- Autres chénopodes
:
  Chénopode des murs (Chenopodium murale L.), Chénopode hybride (Chenopodium
hybridum L.), Chénopode fétide (Chenopodium olidum Curt.), etc.


Description botanique [17,18,24,36] :
- Chénopode bon-Henri :
  Il s’agit d’une plante vivace d’aspect variable atteignant 10 à 80 cm de hauteur.
  La
tige est souvent teintée de rouge.
  Les
feuilles sont alternes, légèrement charnues, triangulaires à sagittées, à bords
ondulés ou lobés, vert souvent teinté de rouge. Les feuilles inférieures sont
longuement pétiolées tandis que les supérieures sont quasiment sessiles. Elles mesurent
jusqu’à plus de 10 cm de long et sont d’aspect farineux au début de leur développement.
  Les
fleurs, minuscules, possèdent trois à cinq tépales verts souvent teintés de rose ou
de rouge lorsque les graines mûrissent. Elles sont organisées en glomérules axillaires ou à l’extrémité
de la tige qui forment de denses épis rameux.
  Le fruit est un petit akène entouré par les tépales persistants. Il contient une
graine rouge foncé et brillante.

- Chénopode blanc :
  C’est une plante annuelle variable, vert grisâtre d’aspect farineux (dû à la présence de
petits poils vésiculeux et fragiles sur l’ensemble de la plante) atteignant 20 à 150 cm de
hauteur.
  La tige est dressée, très rameuse, striée de blanc et souvent rougeâtre.
  Les feuilles sont alternes, lancéolées à rhombiques et dentelées. Les feuilles inférieures sont
longuement pétiolées tandis que les supérieures possèdent un pétiole court et sont beaucoup plus
petites. Les feuilles sont farineuses, en particulier sur leur face inférieure.
  Les fleurs sont verdâtres, minuscules et farineuses. Elles sont disposées en
glomérules denses formant une panicule.
  Le fruit est un akène entouré des tépales persistants renfermant une petite graine
noire.

Biotope [8, 17, 18, 36] :
- Chénopode bon-Henri :
Il est commun en France (sauf dans le nord et l’ouest de la France ainsi qu’au niveau
des plaines méridionales). Considéré comme une adventice, il peuple les cultures, les
friches, les champs, les haies, les décombres, les terrains vagues, les cours de ferme et le
bord des routes. Il affectionne les sols riches en azote, fertiles et frais, argileux,
limoneux ou sableux.

- Chénopode blanc :
Il est très commun en France. Considéré lui aussi comme une adventice, il peuple
les décombres, le bord des chemins, les cultures, les jardins, les champs, les terrains vagues
et les friches. Il affectionne les sols fertiles et non calcaires.

Période de floraison [17, 18, 36] :
- Chénopode bon-Henri :
Il fleurit de mai à août.

- Chénopode blanc :
Il fleurit de juin à octobre.

Biologie [17,18,24,31,36] :
  Ces deux espèces ont autrefois été cultivées comme légumes, les feuilles et les jeunes
pousses de chénopode bon-Henri se consomment d’ailleurs comme des épinards.


Parties toxiques de la plante [2, 24] :
  Toute la plante est toxique et conserve sa toxicité après dessiccation.
  Cependant, comme pour la betterave, la toxicité du chénopode ne se manifeste que dans des
conditions particulières (ingestion massive).

Principes toxiques [2, 16, 24] :
  Comme les autres plantes de la famille des Chénopodiacées, les chénopodes
contiennent :
- De l’ascariodol (ou ascariol ou camphre de chénopode), terpène facilement détruit
par la chaleur et surtout présent dans l’huile extraite des graines
- De l’acide oxalique
- Des nitrates
- Des saponines (surtout chez le chénopode bon-Henri).

Dose toxique :
  La dose toxique n’est pas connue.

Circonstances d’intoxication [2, 24] :
  Les appels au CNITV concernant le chénopode représentent 1,1% des appels de
toxicologie végétale pour les ruminants (1,4% des appels pour les bovins, 0,6% pour les ovins
et 0,2% pour les caprins).


Graph.16. Répartition des appels concernant le chénopode par espèce (données du CNITV : 43 appels)

  Cette intoxication concerne les bovins, les ovins et les caprins dans une moindre
mesure. Sur les 43 appels concernant le chénopode chez les ruminants, 89% impliquent
les bovins, 9% impliquent les ovins et seulement 2% les caprins.
  C’est une intoxication rare, car la plante est peu toxique et rarement consommée à
l’état frais par le bétail.


Graph.17. Répartition annuelle des appels concernant le chénopode (données du CNITV : 43 appels)

  Les appels au CNITV concernant le chénopode atteignent un maximum de juillet à
novembre soit pendant la période où l’herbe vient à manquer dans les pâtures.


Signes cliniques [24] :
  En cas d’ingestion de grandes quantités, on peut observer :
- Des signes digestifs : diarrhée
- Des signes nerveux : tremblements, spasmes musculaires, parésie, paralysie
- Des signes oculaires : troubles de la vision
- Des signes auditifs : surdité
- Des signes cutanés : photosensibilisation chez les animaux à peau claire.


Graph.18. Signes cliniques et lésions rapportés lors des appels au CNITV concernant le chénopode
(n=43)

  Les signes les plus fréquemment rapportés lors des appels au CNITV concernant le
chénopode sont des signes généraux (prostration) et des signes digestifs (diarrhée). On
rapporte parfois une absence de troubles digestifs. Il faut cependant noter que 44% des
appels au CNITV concernant le chénopode sont classés comme relatifs à des intoxications peu
probables voire improbables et 37% des appels sont des demandes de renseignements sur la
toxicité du chénopode, ce qui indique que cette plante est probablement peu toxique.


Signes paracliniques :
  De l’anémie ainsi qu’une hématurie ou une hémoglobinurie sont parfois signalées lors
des appels au CNITV concernant le chénopode.


Evolution [2, 24] :
  L’intoxication est le plus souvent asymptomatique. Les signes cliniques
n’apparaissent que lors d’ingestion massive.


Lésions [2, 24] :
  On peut observer :
- Un oedème périrénal
- Des pétéchies
- De l’ascite
- Une gastro-entérite.

Diagnostic différentiel :
  Il comprendra les affections et les intoxications responsables de troubles
principalement nerveux mais aussi les causes de photosensibilisation.

Diagnostic expérimental :
  Il consiste en l’examen macroscopique et microscopique du contenu ruminal.

Traitement [24] :
  Le traitement est symptomatique :
- Charbon végétal activé
- Pansements digestifs.
  Il est conseillé de mettre les animaux à l’ombre pour éviter les lésions de
photosensibilisation.


Pronostic [2, 24] :
Le pronostic est bon.
  D’après les données du CNITV, le taux de morbidité est de 41% chez les bovins (pour
329 bovins exposés) et de 100% chez les ovins (pour 2 ovins exposés). Le taux de mortalité
atteint 3% chez les bovins et 100% chez les ovins. Le taux de létalité atteint, quant à lui, 6%
chez les bovins et 100% chez les ovins.
Version : 2009