Renoncule âcre ou Bouton d’or (Ranunculus acris L.)

RENONCULACEES
Photos renoncule
Bibliographie :
[2,8,11,16,18,24,27,31,33,36]

Noms vernaculaires :
  Bouton d’or, renoncule, bassinet d’or, bassinet, clair-bassin, patte de loup, pied de corbin.
  Nom anglais : meadow buttercup, tall buttercup, tall field buttercup.

Description botanique :
  Cette plante à bulbe fasciculé, vivace, polymorphe, en général poilue, atteint 30 à 100
cm de hauteur.
  La tige est creuse, érigée et ramifiée, non sillonnée et contient un suc irritant au goût
âcre.
  Les
feuilles de la base, pétiolées, sont profondément divisées en trois à sept segments
dentés et pubescents à la base. Les feuilles supérieures sont beaucoup plus petites et sessiles,
elles possèdent des segments linéaires.
  Les
pédoncules floraux sont lisses, non sillonnés et poilus. Ils portent des fleurs à cinq pétales
jaune or et cinq sépales verts et étalés, mesurant 15 à 25 mm de diamètre.
  Les fruits sont de petits akènes à bec recourbé regroupés en tête globuleuse.

Biotope :
  Cette plante est très commune en France, en plaine comme en montagne.
  Elle peuple les bords de chemin et de route, les digues enherbées, les prairies, les pâturages,
les bois clairs et les lieux herbeux humides et argileux.

Période de floraison :
  Le bouton d’or fleurit d’avril à octobre.

Parties toxiques de la plante :
  Toute la plante est toxique. La toxicité est maximale lors de la floraison mais elle
n’est pas conservée après dessiccation.

Principes toxiques :
  Toutes les renoncules (renoncule âcre, renoncule bulbeuse, renoncule scélérate,
renoncule langue, renoncule flammette, renoncule thora, etc.), les clématites, les anémones et
les hellébores contiennent un glucoside irritant, la ranunculine qui donne par hydrolyse une
lactone irritante, la protoanémonine, elle-même inactivée en anémonine ce qui explique la
relative innocuité des plantes sèches. La protoanémonine constitue une huile jaune volatile au goût amer.
La renoncule âcre contient 1,37 mg de ranunculine par gramme de matière sèche, la renoncule bulbeuse en
contient 7,7 mg/g, la renoncule rampante 0,12 mg/g, l’hellébore noir 5,8 mg/g, l’hellébore fétide 0,67 mg/g,
l’hellébore vert 0,03 mg/g et la clématite 0,15 mg/g.

Dose toxique :
  La dose toxique n’est pas connue mais on sait que les animaux peuvent consommer de
grandes quantités de cette plante sans être incommodés. Ainsi, les bovins peuvent
consommer jusqu’à 25 kg par jour de renoncule âcre pendant deux semaines sans présenter de
signes cliniques. La teneur en renoncule âcre peut atteindre 20 à 40% de la ration en vert
sans que les animaux ne présentent de troubles.

Circonstances d’intoxication :
  Les appels au CNITV concernant la renoncule représentent 0,8% des appels de
toxicologie végétale pour les ruminants (1,1% des appels pour les bovins, 0,5% pour les ovins
et 0,2% pour les caprins).


Graph.93. Répartition des appels concernant la renoncule par espèce (données du CNITV : 34 appels)

  Cette intoxication concerne les bovins, les ovins et les caprins. Sur les 34
appels au CNITV concernant la renoncule chez les ruminants, 85% impliquent les bovins, 9%
les ovins et 3% les caprins.
  Les ruminants sont peu attirés par la plante fraîche en raison de son amertume. Néanmoins,
les traitements phytosanitaires avec des herbicides de la famille des aryloxiacides (2,4-D, 2,4,5-T, MCPA, etc.)
peuvent augmenter l’appétence de cette plante. Cette intoxication est rare et est favorisée lorsque les
renoncules sont très abondantes dans les pâturages (consommation massive et pendant plusieurs semaines).


Graph.94. Répartition annuelle des appels concernant la renoncule (données du CNITV : 34 appels)

  L’intoxication est plus fréquente au printemps et en début d’été. Les appels au
CNITV concernant la renoncule sont effectivement répartis d’avril à septembre avec un
maximum en mai et juin (consommation de la plante abondamment présente dans les pâtures).

Signes cliniques :
  Après plusieurs semaines de consommation importante, on peut observer :
- Des signes généraux : amaigrissement, poil piqué, lait au goût amer ou légèrement
teinté de rouge
- Des signes digestifs : inrumination, anorexie, irritation et congestion des
muqueuses digestives, ptyalisme, coliques, diarrhée noirâtre et fétide
- Des signes nerveux : ataxie, faiblesse musculaire, trémulations musculaires,
mouvements désordonnés des muscles des oreilles et de la face, paralysie ou au
contraire convulsions
- Des signes cardio-vasculaires : bradycardie
- Des signes respiratoires : respiration ronflante, jetage
- Des signes urinaires (parfois) : urine foncée (hématurie)
- Des signes oculaires : épiphora, parfois cécité temporaire
- Des signes cutanés : la renoncule bulbeuse peut être à l’origine de lésions
hépatiques induisant une photosensibilisation.


Graph.95. Signes cliniques et lésions rapportés lors des appels au CNITV concernant la renoncule
(n=34)

  Les signes cliniques les plus fréquemment rapportés lors des appels au CNITV
concernant la renoncule sont des signes digestifs : diarrhée plus ou moins hémorragique dans
50% des cas, anorexie et hypersalivation dans 11,8% des cas.

Signes paracliniques :
  On peut parfois noter de l’hématurie dans les cas graves en particulier chez les ovins.

Evolution :
  Elle est en général favorable (guérison en quelques jours). Si l’ingestion est
massive, l’évolution peut être très rapide avec convulsions et mort en quelques heures.

Lésions :
  On peut observer :
- Une gastro-entérite intense
- Une néphrite
- Des reins et un foie graisseux
- Une congestion pulmonaire.

Diagnostic différentiel :
  Il prendra en compte les affections et les intoxications responsables de troubles
digestifs marqués et de troubles nerveux.

Diagnostic expérimental :
  On peut procéder à l’examen macroscopique et microscopique du contenu ruminal.

Traitement :
  Il est symptomatique :
- Charbon végétal activé
- Purgatif salin
- Perfusion
- Pansements digestifs
- Laxatifs sauf si diarrhée importante
- Diurétiques : furosémide
- Stimulants généraux
- Antibiothérapie de couverture.

Pronostic :
Il est en général bon.
  D’après les données du CNITV, le taux de morbidité est de 54% chez les bovins (pour
147 bovins exposés) et 100% chez les caprins (pour 1 caprin exposé). Le taux de mortalité
atteint 14% chez les bovins et il est nul chez les caprins. Le taux de létalité atteint, quant à
lui, 26% chez les bovins et il est nul chez les caprins.