Trèfle rampant (Trifolium repens L.)

PAPILIONACEES
Voir Plantes cyanogénétiques
Photos trèfle rampant

Bibliographie
: [2, 8, 9, 24, 25, 27, 31, 33, 36]

Noms vernaculaires :
 Trèfle blanc, trèfle bâtard, triolet blanc, trifolet, traînette, trainelle, coucou.
Nom anglais : white clover.

Description botanique :
Le trèfle rampant est une plante vivace très variable de 5 à 30 cm de haut. C’est une plante
presque glabre dont les tiges rampantes portent des racines adventives permettant sa
propagation.
Les feuilles sont longuement pétiolées, alternes, vert vif, avec une marque centrale en
V qui est de couleur plus pâle ou plus sombre. Elles possèdent des folioles ovales à cordiformes et
finement dentées.
Les inflorescences sont globuleuses et longuement pédonculées. Les fleurs (7 à 10 mm de long)
sont papilionacées, blanches ou roses (rarement rouges), les inférieures brunissent précocement et
se renversent alors vers la tige.
Le fruit est une gousse étroite comportant une graine ocre [24,27].

Biotope :
C’est une espèce très commune en France. Elle peuple les prairies, les champs,
les gazons, les bords de chemin et les lieux herbeux. Elle s’adapte également très bien aux
lieux secs et incultes. On la trouve souvent en colonies étendues sur des terrains variés et
jusqu’à 2800 mètres d’altitude.

Période de floraison :
Il fleurit de mai à novembre.

Biologie :
Le trèfle rampant peut se multiplier grâce à ses tiges adventives même si ses fleurs n’ont pas produit de graines.
C’est une bonne plante mellifère.

Parties toxiques de la plante :
La plante verte et ses repousses sont toxiques, ainsi que les fourrages verts la contenant.

Principes toxiques :
Le trèfle rampant contient :
- Un hétéroside cyanogénétique, la lotaustraline, qui libère après hydrolyse dans le
rumen de l’acide cyanhydrique. La teneur en HCN dépend des variétés et du stade végétatif de la plante.
Ainsi la toxicité de la plante est plus élevée lorsque la plante est jeune et devient pratiquement nulle
à la floraison. La variété géante (« Ladiono ») et le « S 100 » sont très riches en HCN. De plus, les engrais
azotés directement assimilables tels que l’urée augmentent considérablement les teneurs en hétérosides cyanogénétiques.
- Des protéines cytoplasmiques, les pectines et les pectines méthylestérases, qui
sont des agents moussants et météorisants
- Des saponines et des dérivés flavoniques qui sont actifs sur les muscles lisses de
l’intestin.
- Enfin, en réponse à une maladie foliaire, la plante peut produire des dérivés
oestrogéniques tels que le coumestrol, le trifoliol et le repensol.

Dose toxique :
La dose toxique n’est pas connue.

Circonstances d’intoxication :
Les appels concernant l’ensemble des espèces de trèfle représentent 0,7% des appels de toxicologie végétale
au CNITV pour les ruminants (0,7% des appels pour les bovins, 0,8% pour les ovins et 0,6% pour les caprins).


Graph.117. Répartition des appels concernant les trèfles par espèce (données du CNITV : 28 appels)

Sur les 28 appels concernant toutes les espèces de trèfle confondues chez les
ruminants, 71% impliquent les bovins et respectivement 18% et 11% impliquent les ovins et les
caprins. L’intoxication par le trèfle rampant ne déroge pas à cette répartition et concerne
principalement les bovins.
Les ruminants s’intoxiquent par consommation de la plante sur pied ou de fourrage
contaminé.


Graph.118. Répartition annuelle des appels concernant les trèfles (données du CNITV : 28 appels)

Les appels au CNITV concernant les trèfles toutes espèces confondues sont répartis
d’avril à novembre (avec un maximum en juin) et s’étalent ainsi sur toute la période de
développement des différentes espèces.

Signes cliniques :
Forme suraiguë :
La mort survient en 1 à 2 minutes après quelques convulsions ou des mouvements de
pédalage.

Forme aiguë :
C’est la forme la plus fréquente. Elle se manifeste après une consommation massive de
la plante et se traduit par une météorisation spumeuse qui correspond plutôt à une
pathologie nutritionnelle qu’à une intoxication vraie :
- Signes généraux : abattement, torpeur, décubitus
- Signes digestifs : tympanisme, météorisation
- Signes nerveux : ataxie, tremblements, convulsions tono-cloniques
- Signes cardio-vasculaires : muqueuses congestionnées et cyanosées
- Signes respiratoires : dyspnée intense (détresse respiratoire)

Forme subaiguë :
- Signes généraux : goitre
- Signes digestifs : léger tympanisme
- Signes nerveux : ataxie
- Troubles de la reproduction : stérilité fonctionnelle chez la brebis, dystocies par inertie utérine.


Graph.119. Signes cliniques et lésions rapportés lors des appels au CNITV concernant les trèfles (n=28)

Les signes cliniques les plus fréquemment rapportés lors des appels au CNITV
concernant les trèfles toutes espèces confondues définissent deux tableaux cliniques, l’un
correspondant plutôt à une photosensibilisation secondaire et l’autre plutôt à une
météorisation spumeuse (dont l’origine n’est pas toxique mais plutôt un déséquilibre
alimentaire).
Ainsi, une diarrhée (rapportée dans 25% des cas), une hyperthermie et un oedème
cutané (rapportés dans 10,7% des cas) dessinent un tableau clinique s’apparentant plutôt à
l’intoxication par le trèfle hybride (photosensibilisation secondaire).
L’ataxie (signalée dans 10,7% des cas), le météorisme (signalé dans 10,7% des cas) et
les avortements (signalés dans 10,7% des cas) dressent plutôt un tableau clinique de
météorisation spumeuse comme dans l’intoxication par le trèfle rampant.
Enfin, la prostration (rapportée dans 25% des cas), la diminution de la production
lactée et le décubitus (rapportés dans 10,7% des cas) rentrent dans les deux tableaux
cliniques.

Evolution :
Forme aiguë :
L’évolution est souvent très rapide vers la mort qui survient par asphyxie.

Forme subaiguë :
La guérison est spontanée en quelques heures et sans séquelles.

Lésions
:
On observe une congestion et une cyanose des muqueuses associée à un oedème pulmonaire.

Diagnostic différentiel :
Il comprend les autres causes de mort subite ou de mort rapide avec troubles nerveux
et asphyxiques :
- L’emphysème ou l’oedème aigu du poumon : on observe également des signes
d’asphyxie mais l’auscultation pulmonaire est alors caractéristique
- L’entérotoxémie : les lésions nécropsiques permettent de l’identifier facilement
- Les intoxications par les toxiques méthémoglobinisants (chlorate de soude) : la phase terminale est
semblable à celle observée dans l’intoxication par les plantes cyanogénétiques mais le sang a une
couleur brun chocolat caractéristique.

Diagnostic expérimental :
On peut doser l’acide cyanhydrique sur le contenu ruminal ou les végétaux (si le
contenu ruminal est prélevé rapidement après la mort et congelé immédiatement). On
peut également procéder à l’identification macroscopique voire microscopique des débris
végétaux présents dans le contenu ruminal.

Traitement :
Il est illusoire compte tenu de la rapidité d’évolution des troubles :
- Trocardage
- Météorifuges.
Il est rare que l’intoxication par le trèfle rampant se traduise par les signes d’une
intoxication par l’acide cyanhydrique (la forme aiguë liée à une météorisation spumeuse étant
la plus fréquente), cependant, si c’est le cas, on utilisera le même traitement qu’en cas
d’intoxication par la glycérie, le laurier cerise ou le sorgho.

Pronostic
:
Le pronostic est très réservé.
D’après les données du CNITV concernant les trèfles toutes espèces confondues, le
taux de morbidité est de 44% chez les bovins (pour 224 bovins exposés), 41% chez les ovins
(pour 186 ovins exposés) et 100% chez les caprins (pour 3 caprins exposés). Le taux de
mortalité atteint 6% chez les bovins, 4% chez les ovins et il est nul chez les caprins. Le taux
de létalité atteint, quant à lui, 13% chez les bovins, 10% chez les ovins et il est nul chez les
caprins.