Férule commune (Ferula communis L.)

APIACEES
Photos Férule

Noms vernaculaires [8, 11, 24, 27, 33] :
  Fenouil géant, faux fenouil.
  Nom anglais : giant femel.
  Autres férules : férule à feuilles nodales (F. nodiflora L.), férule férulago (F. ferulago
L.), férule glauque (F. glauca L.).

Description botanique [11, 24, 27, 33] :
  La férule commune est une grande plante vivace dont la tige est très épaisse et la racine
pivotante.
  Les feuilles de la base sont pétiolées et découpées en lanières filiformes trois à quatre
fois pennatiséquées. Les feuilles du sommet sont pourvues d’une gaine voire réduites à
une gaine.
  L’ombelle centrale, dépourvue d’involucres et d’involucelles, est pourvue de 20 à 40
rayons. Les ombelles latérales sont longuement pédonculées et dépassent de l’ombelle
centrale. Les fleurs sont jaunes.
  Le fruit est un méricarpe long de 15 mm, aplati, qui possède des côtes dorsales et
latérales filiformes et carénées alors que ses côtes commissurales sont ailées.

Biotope [11, 27] :
  On rencontre cette plante au niveau du pourtour méditerranéen. Elle affectionne les sols
calcaires et peuple les coteaux arides et les murs.

Période de floraison [11] :
  Cette plante fleurit de juin à août en France (beaucoup plus tôt dans les régions plus
arides telles qu’Israël où elle fleurit de mars à avril).

Biologie [11] :
  Son aspect et son odeur lui ont valu le nom de fenouil géant.

Parties toxiques de la plante [11, 24, 33] :
  C’est le latex contenu dans toute la plante (en particulier dans les racines) qui est toxique.
La toxicité est conservée après dessiccation.
  Il existe de grandes variations de toxicité de la férule principalement liées à une variabilité
chimique infraspécifique. Ainsi, la racine des férules sardes contient soit des sesquiterpènes,
soit des dérivés 4-hydroxycoumariniques. La composition des férules marocaines est voisine
mais varie selon la variété. On note également des variations de compositions chez les férules corses.
Il semblerait, par contre, que les férules de l’Hérault ne contiennent que des dérivés terpéniques.

Principes toxiques [11, 24, 27, 33] :
  La férule contient des coumarines phénylées : le férulénol (3-farnésyl-4-
hydroxycoumarine), la ferprénine et leurs dérivés voisins, qui ont des propriétés anticoagulantes
(thrombopéniantes).
  Le latex de la plante a également des propriétés rubéfiantes.

Dose toxique [11, 27, 33] :
  Chez les ovins, la dose toxique (per os) est de 2,5 à 5 grammes de plante fraîche par
kilo et par jour pendant cinq semaines (expérimentalement, une dose de 2,5 g/kg/jour suffit à
induire des hémorragies internes et un allongement du temps de prothrombine).

Circonstances d’intoxication [11, 27, 33] :
  Les appels concernant la férule représentent 0,5% des appels de toxicologie végétale
pour les ruminants au CNITV (0,4% des appels pour les bovins et 1,3% pour les ovins), il s’agit
donc d’une intoxication peu fréquente.


Graph.40. Répartition des appels concernant la férule par espèce (données du CNITV : 19 appels)

  D’après les données bibliographiques, les ovins sont les plus concernés par cette
intoxication (ce sont en effet eux qui pâturent le plus souvent sur les terrains arides).
Cependant, sur les 19 appels au CNITV concernant la férule, 58% impliquent les
bovins et 42% impliquent les ovins.
  Cette plante peu appétente est exceptionnellement consommée à l’état frais lors de
périodes de disette. L’intoxication survient le plus souvent par ingestion de fourrages contaminés.


Graph.41. Répartition annuelle des appels concernant la férule (données du CNITV : 19 appels)

  Les appels concernant la férule sont globalement répartis sur toute l’année avec un maximum
en mars et un autre pic d’appel en juin et juillet.

Signes cliniques [11, 24, 27, 33] :
- Signes généraux : prostration, abattement
- Signes cardio-vasculaires : épistaxis
Puis, quelques heures plus tard :
- Signes digestifs : diarrhée hémorragique évoluant vers l’émission de sang non
coagulé, anorexie, météorisation
- Signes cardio-vasculaires : tachycardie, pâleur des muqueuses (anémie), pétéchies
au niveau de la peau et des muqueuses
- Signes respiratoires : dyspnée
- Signes urinaires : hématurie
- Troubles métaboliques : ictère
- Autres : hémolactation.
N.B. : En cas de contact cutané, on peut voir apparaître une dermite.


Graph.42. Signes cliniques et lésions rapportés lors des appels au CNITV concernant la férule (n=19)

  Le tableau clinique et lésionnel rapporté lors des appels au CNITV correspond tout à
fait à celui d’une intoxication par un composé anticoagulant. Ainsi, des
hémorragies et des
pétéchies d’organe (63,1% des cas), de la diarrhée hémorragique et du jetage hémorragique
(21,1% des cas) et de l’hématurie (15,8% des cas) sont fréquemment signalés. Ces signes sont
associés à une prostration dans 15,8% des cas.

Signes paracliniques [11, 24, 27, 33] :
  On note de l’hématurie, de l’anémie, une augmentation du temps de Quick (rapportée
dans 10,5% des cas au CNITV), une augmentation du temps de prothrombine
(hypoprothrombinémie) et un ictère.

Evolution [11, 24, 27] :
  La mortalité est élevée dès lors que les signes cliniques apparaissent. La mort
survient en 24 à 48 heures. Des cas de mort subite sont par ailleurs rapportés au
CNITV (10,5% des cas).

Lésions [24, 27] :
  On observe :
- Des hémorragies sous-cutanées, intramusculaires, intra-abdominales et au niveau
des muqueuses trachéale, intestinale (une entérite est signalée dans 10,5% des
appels au CNITV) et vésicale
- Une dégénérescence graisseuse du foie.

Diagnostic différentiel :
  Il comprendra le BVD dans sa forme hémorragique, l’intoxication à la fougère aigle ou
au mélilot moisi et l’intoxication aux rodenticides anti-vitamine K (très rare chez les
ruminants).

Diagnostic expérimental :
  On pourra procéder à l’examen phyto-histologique des débris végétaux contenus dans
le rumen. On peut également rechercher le férulénol dans le plasma ou le foie.

Traitement [24, 27, 33]:
  Il est uniquement symptomatique :
- Transfusion sanguine si les pertes sanguines sont importantes (hématocrite
inférieur à 12% ou inférieur à 15% et protéines totales inférieures à 35 g/l) : c’est
le moyen le plus efficace de soigner l’animal.
- Perfusion de solutés hypertoniques ou de colloïdes pour restaurer la volémie
- Vitamine K1 (2 à 5 mg/kg en IV puis per os) : son efficacité est contestée
- Analeptique respiratoire : doxapram
- Thrombase, prothrombine.
- Antibiothérapie pour lutter contre l’entérotoxémie.

Pronostic [11, 24] :
  Le pronostic est sombre.
  D’après les données bibliographiques, le taux de mortalité serait de 75% chez les ovins
et de 90% chez les caprins. D’après les données du CNITV, le taux de morbidité est
de 87% chez les bovins (pour 90 bovins exposés) et 15% chez les ovins (pour 268 ovins
exposés). Le taux de mortalité atteint 18% chez les bovins et 11% chez les ovins. Le taux de
létalité atteint, quant à lui, 21% chez les bovins et 70% chez les ovins.

Utilisations pharmaceutiques [11] :
  La gomme-résine de férule (fassoukh ou ilk el-kelk en arabe) passe pour antiseptique,
antalgique, diurétique et vermifuge.