Thuya d’Occident (Thuja occidentalis L.)
CUPRESSACEES
Photos Thuya
Bibliographie : [9, 16, 24, 25, 27, 33]
Noms vernaculaires :
Thuya du Canada, thuya de Virginie, arbre de vie, arbre de paradis, cèdre blanc.
Nom anglais : arborvitae, white cedar.
Description botanique :
Le thuya est un arbuste résineux [photo] de 4 à 20 mètres de hauteur. Son tronc est
rougeâtre, il porte de nombreuses branches étalées et pendantes.
Il possède de petites feuilles persistantes [photos], écailleuses, vert-jaunâtre, plates ou pliées
sur la nervure. Ces feuilles portent une glande saillante sur leur face dorsale (ce qui
permet de différencier T. occidentalis de T. orientalis).
Les fleurs sont portées sur les rameaux de l’année précédente. Les cônes mâles
sont jaunes, les cônes femelles sont érigés et verts.
Le fruit est un cône ovoïde, dur, lisse, à écailles disjointes et tronquées, chacune de
ces écailles abritant deux graines ailées.
Biotope :
Le thuya est présent dans l’ensemble de l’Europe. Il est fréquemment planté
dans les jardins à des fins ornementales et notamment en haie. Il apprécie les endroits frais et ombragés.
Période de floraison :
Le thuya fleurit en mai.
Parties toxiques de la plante :
Toutes les parties aériennes de la plante sont toxiques, que ce soient les feuilles, les
fruits ou même le bois.
Principes toxiques :
On y trouve de la thuyone (un monoterpène) dont la concentration est maximale dans
les jeunes rameaux. On note également la présence d’une huile essentielle dans les feuilles semblables à des
écailles, qui possède une action locale irritante très prononcée.
Dose toxique :
La dose toxique n’est pas connue.
Circonstances d’intoxication :
Les appels concernant le thuya représentent 4,2% des appels de toxicologie végétale
pour les ruminants au CNITV (3,6% des appels pour les bovins, 8% pour les ovins et 2,6% pour
les caprins). Il s’agit de la troisième cause d’appel de toxicologie végétale pour les ruminants
au CNITV et de la première cause d’appel pour les ovins.
Graph.111. Répartition des appels concernant le thuya par espèce (données du CNITV : 160 appels)
Ce sont surtout les bovins et les ovins qui sont concernés, les caprins plus rarement
(sur les 160 appels au CNITV concernant le thuya chez les ruminants, 59% impliquent les
bovins, 32% impliquent les ovins et 9% les caprins) [25,27].
L’intoxication est due à la consommation des branches in situ ou tombées à terre après
une taille ou une tempête, en particulier en période de disette car le feuillage du thuya est
habituellement peu appétent pour les ruminants du fait de son âcreté et de son amertume.
Graph.112. Répartition annuelle des appels concernant le thuya (données du CNITV : 160 appels)
Les appels concernant le thuya sont répartis sur toute l’année.
Signes cliniques :
Forme suraiguë :
- Mort foudroyante en quelques minutes (surtout chez les ovins).
Forme aiguë ou subaiguë :
- Signes généraux : prostration, abattement
- Signes digestifs : ptyalisme, inrumination, coliques parfois très intenses, diarrhée
plus ou moins hémorragique, météorisation
- Signes respiratoires : dyspnée
- Signes nerveux : trémulations musculaires, paralysie accompagnée d’un
refroidissement des extrémités, ataxie
- Signes oculaires : cécité rarement
- Troubles de la reproduction : avortement possible.
Graph.113. Signes cliniques et lésions rapportés lors des appels au CNITV concernant le thuya (n=160)
De la diarrhée, une prostration et du météorisme sont les signes les plus souvent
rapportés lors des appels au CNITV concernant le thuya (respectivement dans 14,4%, 9,3% et
8,1% des cas).
Evolution :
La mort peut survenir en 1 à 48 heures suivant la quantité ingérée. Des
cas de mort subite sont fréquemment rapportés au CNITV (28,1% des cas).
Lésions :
Les lésions ne sont pas spécifiques, on peut observer :
- Une gastro-entérite congestive discrète
- Une congestion et une inflammation de l’appareil uro-génital.
Diagnostic différentiel :
Il prendra en compte les affections et intoxications responsables de troubles nerveux
et digestifs (comme par exemple l’intoxication par l’amarante).
Diagnostic expérimental :
On peut réaliser un examen macroscopique voire microscopique du contenu ruminal. Il est théoriquement possible d’identifier
la thuyone dans le plasma des animaux intoxiqués.
Traitement :
Il est purement symptomatique :
- Charbon végétal activé
- Huile de paraffine
- Perfusion
- Antispasmodiques
- Pansements digestifs
- Diazépam (VALIUM®) si besoin.
Pronostic :
Le pronostic est souvent favorable sauf lorsque l’animal présente de la dyspnée et une
paralysie. La guérison intervient dans les 24 à 48 heures si un traitement éliminatoire
et symptomatique est mis en place.
D’après les données du CNITV, le taux de morbidité atteint 40% chez les bovins (sur
389 bovins exposés), 45% chez les ovins (sur 298 ovins exposés) et 79% chez les caprins (sur
33 caprins exposés). Le taux de mortalité s’élève à 26% chez les bovins, 32% chez les ovins et
15% chez les caprins. Le taux de létalité atteint quant à lui 65% chez les bovins, 71% chez les
ovins et 19% chez les caprins.