Arum tacheté (Arum maculatum L.), Arum
d’Italie (
Arum italicum Miller) et Arums
d’ornement (
Zantedeschia sp. et Arum sp.)

ARACEES
Photos Arum
Noms vernaculaires :
  Arum tacheté :
  Gouet tacheté [2,4,5,6,7,14,15,21], gouet maculé [21], pied de veau [2,5,6,7,21],
vachotte [
6,21], pilette [6,21], manteau de la Sainte Vierge [6], cornet [6,21], chandelle
[
6,21], racine amidonnée [21], herbe à pain [21], langue de boeuf [21].
  Arum d’Italie :
  Gouet d’Italie [7,14,15].

Description botanique :
  Arum tacheté :
  L’arum tacheté est une plante vivace glabre de 15 à 50 cm de hauteur dont la tige
souterraine est tuberculée (rhizome blanchâtre, épais et charnu) [
2,4,5,7,10,21].
Les
feuilles sont toutes radiales, entières, longuement pétiolées et engainantes
[
4,7]. Elles sont hastées (en forme de fer de hallebarde), luisantes, entièrement vertes
ou tachetées de noir ou de brun [
4,7,10,21]. Elles ne se développent qu’après l’hiver [7].
Les fleurs sont petites, sessiles et agglomérées sur un spadice à massue rougeviolacée
[
4,5,7]. Les fleurs mâles sont disposées au dessus des fleurs femelles
[
4,5,7,10]. On note la présence d’un anneau de fleurs stériles, réduites à des filaments,
au-dessus de l’anneau de fleurs mâles [
4]. L’inflorescence est entourée d’une grande
spathe membraneuse (longue de 20 cm environ) vert-jaunâtre à violacée [
2,4,5,7,10,21].
Les
fruits apparaissent en août-septembre et sont portés sur une tige isolée (les
feuilles et la spathe ayant disparu à l’époque de la fructification) [
4,7]. Ce sont des
baies charnues, rouges à maturité, agglomérées en épi serré à l’extrémité de la tige
[
4,5,7,21].
  Arum d’Italie :
  Les feuilles se développent à partir de l’automne, elles ne sont pas tachetées et
leurs nervures sont pâles, blanc-jaunâtre [
7].
La spathe de l’arum d’Italie est, quant à elle, grande et blanchâtre sur sa face
interne. Le spadice a une massue jaune pâle [7].
Les fruits sont également des baies rouges [7].


Biotope :
  Arum tacheté :
  L’arum tacheté apprécie les bois, haies et taillis ombragés [2,4,7,10]. Il peuple les
sols humides, riches en nutriments et en humus [10,21]. Il est commun dans presque
toute la France (jusqu’à 1200 m d’altitude), mais reste rare dans le midi méditerranéen
et en Corse [2,4,7].

  Arum d’Italie :
  L’arum d’Italie apprécie également les bois, haies et taillis ombragés [7]. Il se
rencontre plutôt dans le centre et l’ouest de la France ainsi que sur le pourtour
méditerranéen [4,7,10].


Période de floraison :
  L’arum tacheté fleurit en avril-mai [2,4,5,7,21].

Biologie :
  Arum tacheté :
  L’arum tacheté est fertilisé par les mouches [2,4,6]. Celles-ci, attirées par
l’odeur, sont emprisonnées dans la spathe où des poils lisses situés dans la partie haute
facilitent leur descente [2,6]. Puis les poils se flétrissent et libèrent les insectes après
pollinisation des fleurs femelles, s’ils sont encore vivants [2,4,6].

  Arum d’Italie :
  On peut noter que l’arum d’Italie est doté d’un très grand polymorphisme [7].

Parties toxiques de la plante :
  Toute la plante est toxique, même les racines [9,21]. Après dessiccation, elle ne
conserve pas ou peu sa toxicité [10,12,21]. Il existerait une possibilité de toxicité de
relai par consommation de la chair des animaux intoxiqués [21].


Principes toxiques :
  Arum tacheté :
  L’arum tacheté contient de la triglochinine (hétéroside cyanogénétique fréquent
dans les tiges et les feuilles des Aracées) et on trouve dans ses parties souterraines
une lectine [7]. Certains auteurs citent également la présence de substances telles que
l’aroine, l’aronidine, l’aronine et la conicine (alcaloïde) qui pourraient également être
responsables de la toxicité de cette plante [10,14]. L’arum contient par ailleurs des
cristaux d’oxalate de calcium et de la saponine [9,10,21].

  Arum d’Italie :
  L’arum d’Italie contient des lignanes et des néolignanes ainsi que des cristaux
d’oxalate de calcium et de la saponine [7,9].

Dose toxique :
  La dose toxique n’est pas connue [9,14,15].

Circonstances d’intoxication :
  Les appels concernant l’arum représentent 0,5% des appels de toxicologie
végétale pour les ruminants au CNITV (0,5% des appels pour les bovins, 0,3% pour les
ovins et 0,9% pour les caprins), il s’agit donc d’une intoxication peu fréquente.


  Graph.1. Répartition des appels concernant l’arum par espèce (données du CNITV)

  Les bovins sont principalement concernés par cette intoxication (65% des appels
au CNITV pour l’arum concernent ces derniers), les ovins et les caprins le sont dans une
moindre mesure (25% et 10% des appels au CNITV concernent respectivement ces
derniers) [14,21].

  Sauf circonstances exceptionnelles, les herbivores ne consomment pas ces
plantes qui ont une saveur très âcre et les cas d’intoxication sont donc rares [7,14].
Néanmoins, la consommation de cette plante peut être observée en période de disette,
les animaux n’étant plus freinés dans ce cas par le goût âcre de la plante [10].


  Graph.2. Répartition annuelle des appels concernant l’arum (données du CNITV)
  
  
On peut constater que les appels au CNITV concernant l’arum sont répartis sur
sa période de floraison et de fructification (en majorité à partir d’avril, pour atteindre
un maximum en août).


Signes cliniques :
  Les substances contenues dans la plante fraîche possèdent une importante action
irritante sur les muqueuses [10,14]. On peut observer :
- Des signes généraux : chute de la production lactée [21]
- Des signes digestifs : ptyalisme [15,21], coliques [7,9,14,15,21], épreintes
[21], diarrhée violente parfois hémorragique ou jaune-verdâtre à odeur acide
[7,9,14,15,21], inrumination [21], arrêt du péristaltisme intestinal [10]
- Des signes nerveux : faiblesse musculaire [7,10,14,21], ataxie [21],
tremblements [7,10,14,21], convulsions [7,10,21]
- Des signes cardio-vasculaires : oedème du mufle, de la gorge et de la langue
pouvant entraîner une asphyxie [21]
- Des signes cutanés en cas de contact avec le suc irritant de la plante :
érythème [9,21].

  Ces signes cliniques sont très proches de ceux observés après utilisation de
cristaux d’oxalate purs ou après intoxication par des plantes contenant des cristaux
d’oxalate [10].

Graph.3. Signes cliniques et lésions rapportés lors des appels au CNITV concernant l’arum

  
Les signes cliniques les plus fréquemment rapportés lors des appels au CNITV
sont des signes digestifs (diarrhée dans 25% des cas, inrumination et/ou hypersalivation
dans 15% des cas, coliques dans 10% des cas), mais également des signes respiratoires
(oedème pulmonaire dans 15% des cas) et des signes cardio-vasculaires (cyanose des
muqueuses dans 10% des cas). Les signes nerveux cités dans la bibliographie sont, quant
à eux, moins fréquemment rapportés au CNITV.


Signes paracliniques : -

Evolution :
  D’après les données de la littérature, certains cas peuvent être mortels mais
l’évolution est en général favorable car les quantités ingérées sont souvent faibles
[7,10,14,21]. Cependant, on peut constater que des cas de mort subite sont fréquemment
rapportés au CNITV (30% des cas).


Lésions :
  On peut noter :
- Une congestion généralisée plus ou moins marquée [10,14,21]
- Des hémorragies [10,14]
- Une inflammation aiguë à suraiguë de toutes les muqueuses digestives [21]
- Un oedème des piliers du rumen [10,14]
- Une congestion rénale [10,14,21]
- Plus rarement une dégénérescence graisseuse du foie [14,21].

  D’après les données recueillies au CNITV, l’autopsie révèle le plus fréquemment la
présence d’une entérite (10% des cas), d’une cyanose des muqueuses (10% des cas),
d’hémorragies d’organe (10% des cas) ou ne permet pas de mettre en évidence de lésions
(10% des cas également).

Diagnostic différentiel :
  Il se fera avec les intoxications et les maladies infectieuses responsables de
troubles digestifs prédominants.


Diagnostic expérimental :
  Il repose sur l’examen phyto-histologique du contenu ruminal.

Traitement :
  Il est symptomatique :
- Perfusion [21]
- Diurétiques : furosémide [21]
- Pansement gastro-intestinaux [9,14,15,21]
- Antispasmodiques [9,15]
- Analeptiques cardio-respiratoires : doxapram [14,15,21]
- Anti-inflammatoires : AINS ou corticoïdes [9,14,21]
- Xylazine ou diazépam en cas de troubles nerveux [15].

Certains auteurs indiquent qu’il peut être utile de faire boire du lait aux animaux
intoxiqués car celui-ci complexe les oxalates de calcium [21].


Pronostic :
  Il est bon si les quantités ingérées sont modérées [14].

Utilisations pharmaceutiques :-
Version : 2009